"Forget Tomorrow" de Pintip Dunn

Lumen - janvier 20169782371020641


Je sais, je sais... Encore de la dystopie. Encore de la "jeunesse". Encore les éditions Lumen. Mais il faut tout de même avouer que le peu que j'ai lu de leurs publications (In The After-In The End et The Book of Ivy) m'a vraiment séduite. Et si le point de départ du récit donne souvent une impression de "déjà-vu" (le dire avec l'accent anglais ajoute toujours un plus à cette expression...), je n'ai, pour l'instant, pas encore été déçue ! Je continue donc sur ma lancée avec leur tout dernier né, Forget Tomorrow, écrit par une auteure, Pintip Dunn, avec (encore) un nom marquant (à la limite de l'imprononçable, soyons clair)(je sais, on ne moque pas du nom, mais avouez qu'après Demitria Lunetta, Lumen semble être abonné à, disons, une certaine originalité de ce côté-là).
Callie vient d'avoir 17 ans et comme il est coutume dans son monde, elle a maintenant l'âge de découvrir son "souvenir du futur", envoyée par son "futur-moi" et censé l'aider à s'orienter vers la meilleure version d'elle-même. Pourtant, le jour J, point de championne de tennis, de scientifique, de danseuse étoile ou que-sais-je. Non, la pauvre jeune fille se voit en train de tuer sa petite sœur, Jessa. Ce qui, bien sûr, la traumatise légèrement. Elle devient alors la cible d'une sorte de police, chargée d'empêcher les futurs crimes de se produire.

Minority Report. Voilà ce qu'a été ma première pensée à la lecture du synopsis. Mais soit, pourquoi pas, le sujet n'a finalement pas été traité si souvent que ça (et puis, j'aime pas Tom Cruise). Ensuite, dès les premières pages, bim ! Hunger Games. Pas pour les jeux d’arènes, mais pour la relation entre Callie, l'héroïne, et Jessa, la petite sœur. Trop mignon. Et puis, en continuant, re-bim ! The Revolution of Ivy pour un truc que je ne vais pas vous dire sous peine de me faire attaquer par la brigade anti-spoiler. Mais ! Et c'est là que vient la surprise, ce fut une excellente lecture ! Tous ces rappels, toutes ces références sans doute plus ou moins voulus, ajoutés un à un font de ce roman une histoire très prenante et très bien tournée. Toutes les péripéties sont finalement très bien amenées et très crédibles (parce le trucmuche qui sauve le bidule à la dernière minute du dernier moment à chaque fois, ça va bien, hein !) et les personnages sont vraisemblables, entre l’héroïne, Callie, gamine complètement paumée face à la vision du futur elle et qui accepte seulement une partie du destin qu'on lui impose, Logan, le garçon (parce qu'il y en a toujours un, sinon c'est pas une dystopie "pour adolescents"), sa (petite) part d'ombres et de mystères et son attachement visible et touchant pour la jeune fille ou encore, par exemple, Tristine, autre victime de cette police du futur, qui, en une brève apparition, a complètement gagné mon cœur (ils sont ensuite très nombreux mais je vous laisse le plaisir de la découverte...).

4/5
Une affaire à suivre !


Je me suis finalement bien amusée à lire ce bouquin, malgré ce "défaut" des nombreux éléments d'intrigue déjà vus, on rit gentiment à chaque nouvelle référence et on se rend compte qu'à partir de tout cela, l'auteur a réussi à créer son propre monde, son propre univers, avec une mythologie totalement nouvelle dont il reste beaucoup à découvrir dans les tomes suivants (selon les dires de la maison d'édition, très réactive et disponible sur Twitter, c'est une trilogie, ce qui est à peu près le max que je peux supporter dans ce genre de roman)(c'est donc parfait). Nous sautons d'un environnement à un autre, pensant à chaque fois que l'action va s'en tenir là, pour ensuite rebondir, de révélation en révélation, vers un autre endroit, vers une autre énigme. Le côté psychologique de ce "souvenir du futur" est très bien traité, plus profondément que dans le fameux Minority Report il me semble, avec la présentation de ces "coupables du futur" jusqu'à maintenant encore parfaitement innocents et totalement désemparés face à la future atrocité qu'ils sont censés commettre. Ne sachant absolument pas comment ils en sont venus à ce genre d'actes, ils sont rongés par une culpabilité qu'ils ne peuvent oublier (imaginez que demain, un processus quelconque vous montre battant à mort un inconnu 10 ans plus tard...).
J'ai particulièrement hâte de pouvoir lire le tome suivant puisque le dernier chapitre se clôt sur un cliffhanger de toute beauté, un truc bien couillu qui, même en se doutant de l'impossibilité du truc, même en se disant que quelqu'un essaye de nous faire avaler un œuf de dragon (un gros dragon), me fait trembler d'impatience en pestant comme une folle. N'hésitez donc pas, surtout si vous êtes friand de ce genre qui a le mérite de détendre le ciboulot en s'immergeant dans une action trépidante, parce que c'était VACHEMENT bien ! Na.