Au vue des toutes les superbes critiques sur les blogs et les réseaux de lecteur, je me suis enfin laissée tenter par Phobos et son univers martien. Je ne sais même pas pourquoi au départ, la SF, c'est pas spécialement mon truc et Mars ne m'attire pas plus que ça (j'aime pas le rouge). Parfois, je me dis que je cherche un peu ma misère, à démarrer un livre qui traite de voyage dans l'espace alors que c'est pas franchement quelque chose qui me fait rêver (je préfère le plancher des chats)(j'ai le vertige debout sur une chaise)(ou sur des chaussures à talons). Et la télé-réalité, c'est pas non plus mon kiff (tous en cœur : "comme disent les jeunes !"). Du coup, je n'ai pas d'explication sur le "pourquoi j'ai acheté ce bouquin" ("ces bouquins", attention spoiler : je suis en train de lire le deuxième à l'heure où j'écris cette chronique)(pas en même temps, je n'ai qu'un cerveau. Et celui qui dit : "et encore !" je le tape. En toute amitié.), juste que je suis faible et influençable mais avouez qu'une critique comme celle-ci donne vraiment envie.
Le petit résumé qui va bien : Léonor, orpheline, a été sélectionné, avec cinq autres filles et six garçons pour participer au programme Genesis, qui vise à envoyer pour la première fois des êtres humains sur Mars. Afin de financer l'expédition, la société responsable a choisi d'organiser le voyage sous la forme d'une télé-réalité où des rencontres seront organisés entre les filles et les garçons, puis un mariage, selon les affinités et enfin, les tas d'enfants promis à la fin des contes de fée (faut faire les choses dans les règles de l'art, non mais oh ! L'émission est censé être tout public ^^) dans le but avoué de créer la première colonie humaine sur Mars. Notre personnage principal, Léonor, s'est inscrite pour échapper à un passé difficile, dans un excès de romantisme qu'elle tente après de rejeter. Mais tout va bien finir par lui revenir dans la figure. Et est-elle d'ailleurs la seule à cacher quelque chose dans et autour de ce programme ?
Mes appréhensions se sont envolées instantanément après la lecture des premières pages, nous rentrons assez facilement dans le récit qui alterne quatre points de vue : la vision de Léonor, personnage principal et prétendante, qui vit l'action, le voyage vers Mars, de l'intérieur, puis la perspective de Serena, restée sur Terre, psychiatre et productrice de l'émission, nous suivons aussi les aventures d'Andrew, fils d'un des membres de l'équipe du programme Genesis en colère car recalé aux sélections qui lui auraient permis de vivre son rêve et enfin quelques extraits de l'émission telle qu'elle est diffusée pour que nous puissions nous plonger complètement dans ce que voient les spectateurs. J'ai adoré Léonor, personnage féminin beau et fort, à la personnalité aussi flamboyante que sa tignasse rousse (les descriptions où ses cheveux flottent en apesanteur autour de son crâne, comme une Méduse de l'espace, sont magnifiques !) et on s'attache très rapidement à elle et aux cinq autres filles qu'elle côtoie (on ne voit les garçons que d'un point de vue extérieur, uniquement durant les six minutes réglementaires que durent les rendez-vous, j'ai été personnellement beaucoup moins touchée par eux dans ce premier tome, sans doute à cause de cette distance, à voir ce que ça donne dans la suite) et qui ont chacune un caractère bien précis, parfois un peu cliché mais finalement toujours en adéquation avec le pourquoi elles ont été castées pour l'émission (l'intello du groupe est chiante mais toujours droite dans ses bottes, la romantique l'est à fond les ballons, etc. Mais ça reste agréable et finalement, comme chacune a son petit secret, assez réaliste).
Le récit en lui-même, avec ce voyage vers Mars, m'a paru assez vraisemblable et bien documenté, on sent, derrière quelques explications scientifiques (et des petits schémas), que l'auteur, Victor Dixen, a fait des recherches, sans pour autant nous assommer de termes scientifiques barbants (et sans être une "rocket scientist", j'ai quasi tout compris). Les histoires d'amour, de rencontre ne m'ont pas dérangée comme j'aurai pu le croire (un poil agacée parfois peut-être) car elles ne sont en fait pas le pivot central, celui-ci est tout autre, beaucoup plus sombre et dangereux que le simple fait de ne pas trouver chaussure à son pied (quoique...). La tension monte de plus en plus rapidement à mesure que les pages se tournent et on ne s'ennuie jamais notamment grâce à l'alternance des points de vue et à cette capacité qu'a l'auteur à nous plonger dans la peau d'un téléspectateur de l'émission Genesis. Autre GROS point positif : la méchante, que je ne nommerai pas pour ne pas vous spoiler, est absolument délicieuse ! J'ai toujours trouvé qu'il était plus difficile de faire un bon vilain, crédible avec des motivations plausibles qu'un gentil héros un peu niais et là, c'est franchement une réussite ! On la déteste, on la maudit mais on s'attache aussi à elle tant nous avons envie de comprendre le pourquoi du comment et ce qu'elle cache dans sa petite vie dorée.
4,5/5
Et on repart pour Mars !
Un Mars et ça repart ?
Comment ça, elle est
nulle ? Bon, pardon....
En bref, un premier tome absolument génial et original (nous sortons de la dystopie classique et la SF est rare en jeunesse), à un poil de chat du coup de cœur, qui ne traîne pas et ne fait pas dans la dentelle, les personnages, d'apparence stéréotypé, sont bien travaillés et gagnent en profondeur au fil de l'histoire, l'écriture de l'auteur est très agréable, bien que très cinématographique (ou télévisuelle, une adaptation en série serait presque facile ! Mais pitié, pas par des français... J'ai d'ailleurs noté quelques ressemblances avec la série UnReal, dont je vous ai déjà parlé, à travers cette immersion critique dans la télé-réalité) et tout est très très bien ficelé. Inutile de vous dire que je me suis déjà procurée le tome 2 (et hourra ! Il n'y en aura apparemment que trois et pas quinze, ce qui me faisait un peu peur !) et que je suis présentement bien plongée à fond dedans, entre deux cartons (elle radote la dame, c'est bientôt fini mais après, elle nous saoulera avec le déballage...).
C'est tout, pour le moment. (vous la sentez la référence, là ? ^^)