Les blogues littéraires font-ils vendre des livres?

Par Marie-Claude Rioux
La question à 100 piastres: les blogues littéraires font-ils vendre des livres?

J'ignore LA réponse à cette question, mais en raboutant mon opinion à la vôtre, on parviendra peut-être à un début de réponse. 

Depuis que je suis une lectrice assidue d'une dizaine de blogues littéraires, j'ai délaissé la lecture des pages littéraires des grands médias au profit des blogues. Il m'arrive encore de lire à l'occasion les cahiers livres du Devoir et de La Presse, les pages littéraires des Inrocks et de Télérama. Mais pas systématiquement, comme c'était le cas auparavant. En fait, je n'y trouve plus mon compte. J'y trouve plutôt de la prévisibilité, du copinage et des calculs éditoriaux.Les personnes qui tiennent un blogue littéraire le font par choix. Elles ne sont pas rémunérées et ne sont pas tenues de parler exclusivement des dernières parutions. Elles ne sont habitées que par l'envie de communiquer leur passion et de la partager. Aussi, ce que je trouve dans les blogues littéraires, c'est de l'inattendu, des surprises et des avis subjectifs colorés. Un coup de cœur de X a de grandes chances de devenir un coup de cœur pour moi aussi, parce que nous avons une même parenté littéraire. De la même façon, si X a un coup de cœur pour un auteur qui m'est inconnu, les chances sont très fortes que j'aille voir plus loin. Pour ne donner qu'un exemple: si je n'avais pas lu sur un blogue un billet tentateur sur Incandescences de Ron Rash, jamais je ne me serais arrêtée devant ce recueil de nouvelles. Et il est peu probable que j'aie eu envie de poursuivre en achetant Une terre d'ombre,Le monde à l'endroit,Un pied au paradis et en demandant en sp Le chant du TamasseePar ailleurs, les blogues permettent de s'étendre, de ratisser plus large et de citer plus longuement, ce qui a pour effet de donner plus envie - ou non - de découvrir tel ou tel livre. Dans la presse écrite, chaque mot est calculé. Aussi, c'est plus difficile de s'épivarder!Les blogues littéraires font-ils vendre des livres? Dans mon cas, la réponse est claire: OUI! Et quand je lis, dans un commentaire, que X a découvert tel roman en passant par chez moi et l'a apprécié, j'en suis vraiment très heureuse!Un sujet plus épineux, maintenant: les sp - ou services de presse ou livres reçus gratuitement.Avant de tenir mon blogue, j'achetais pour environ 250 $ en livres mensuellement, toujours dans des librairies indépendantes. Depuis que je reçois des sp, ce montant est passé à 150 $ en moyenne. Au bout de l'année, ce sont 1800 beaux dollars bien investis. Au final, j'achète peut-être un peu moins de livres, mais comme je partage mes lectures plutôt que de ne les garder que pour moi et mon entourage proche, j'aime à penser que mon blogue contribue à faire vendre ou emprunter en bibliothèque un tout petit peu plus de livres! 

Avec une moyenne de 350 visites quotidiennes, j'ose espérer que mon blogue a acquis une certaine visibilité. (J'ignore si c'est peu ou beaucoup, je n'ai pas de point de comparaison, et là n'est pas la question.) Mais si 350 personnes lisent ou parcourent une chronique sur tel livre et aient ensuite envie de l'acheter ou de l'emprunter à sa bibliothèque, c'est déjà ça de pris. Pour les attachés de presse et les éditeurs, c'est de la publicité gratuite (ou presque, si on soustrait le prix de l'enveloppe et de la poste). La place réservée à la littérature est de plus en plus restreinte et le marché du livre au Québec est un très petit marché. Plus un livre fait parler de lui, plus il a de chance de se retrouver entre les mains des lecteurs. Que mes choix littéraires en influencent certains, que mes mots donnent envie à quelques lecteurs de découvrir un livre et aient plaisir à le savourer, mon but sera atteint.
Les blogues littéraires font-ils vendre des livres? Parlons-en!