En attendant Bojangles Olivier Bourdeaut Editions finitude

Par Dingue2livres

En exergue de ce roman, cette citation de Charles Bukowski « Certains ne deviennent jamais fous…Leurs vies doivent être bien ennuyeuses ». Dans la famille du petit narrateur, on est très loin de s’ennuyer.

Sous les yeux émerveillés de leur fils, un couple s’aime à la folie. Chez eux, place uniquement à l’amusement, à la fête. On reçoit sans compter, on boit des cocktails à longueur de journée, on joue aux dames géantes, on domestique une grue d’Afrique surnommée Mlle Superfétatoire. On danse beaucoup et à tout à heure de la journée. Par-dessus tout, le couple aime se déhancher sur Mister Bojangles, un morceau de Nina Simone.

Et l’enfant dans tout ça ? Il s’amuse énormément ! Il a le droit de sauter sur les canapés, de se coucher tard, et même d’arrêter l’école pour partir en Espagne. Il n’est « traité ni comme un enfant, ni comme un adulte, mais comme un personnage de roman ». Il aime tisser des histoires pour amuser sa mère.

En parallèle du récit, des extraits du journal du père portent un regard plus inquiétant sur l’état mental de la mère. Ce qui, au départ, était un grain de folie semble peu à peu devenir une maladie. Le père narre leur rencontre hallucinante, puis son histoire avec « celle qui avait réussi à donner un sens à sa vie en la transformant en un bordel perpétuel ».

En attendant Bojangles est un véritable coup de cœur pour moi. Je ne l’ai pas lu, je l’ai dévoré ! Tout est réjouissant : les dialogues cocasses et parfois surréalistes, les personnages pétillants et farfelus, les récits alternés du père et du fils, l’univers décalé à la Boris Vian.

Soyez fous, lisez-le ! Vous ne vous ennuierez pas !

EXTRAITS

 

« La vérité est mal payée, pour une fois qu’elle était drôle comme un mensonge. »

« Le temps d’un cocktail, d’une danse, une femme folle et chapeautée d’ailes, m’avait rendu fou d’elle en m’invitant à partager sa démence. »

« Papa hurlait :

—Pauline, où sont mes espadrilles ?

Et Maman répondait :

—A la poubelle Georges, C’est encore là qu’elles vous vont le mieux »

« Je n’ai jamais bien compris pourquoi, mais mon père n’appelait jamais ma mère plus de deux jours de suite par le même prénom. Même si certains prénoms la lassaient plus vite que d’autres, ma mère aimait beaucoup cette habitude et, chaque matin dans la cuisine, je la voyais observer mon père, le suivre d’un regard rieur, le nez dans son bol, ou le menton dans les mains, en attendant le verdict.

—Oh non, vous ne pouvez pas me faire ça ! Pas Renée, pas aujourd’hui ! Ce soir nous avons des gens à dîner ! S’esclaffait-elle, puis elle tournait la tête vers la glace et saluait la nouvelle Renée en grimaçant, la nouvelle Joséphine en prenant un air digne, la nouvelle Marylou en gonflant les joues. »

« Je vous vois venir avec vos sordides idées, vous voulez que je me mette à travailler ! Je vous ai déjà dit qu’une fois, j’ai essayé ; je m’en souviens parfaitement bien, c’était un jeudi »

 L’auteur

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un peu de musique ?


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