14-14

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14-14

Auteur : Paul Beorn, Silène Edgar
Éditeur : Castelmore
Parution : avril 2014
Pages : 350
Prix : 10, 90 €
Note : ★★★☆☆
   Lorsque j’ai entendu parler de ce livre, j’ai été à la fois très tentée de le lire et en même temps un peu méfiante des trop nombreux éloges qu’il recevait. J’ai toutefois fini par l’acheter, très emballée par le thème (il a été publié lors du centenaire de la première guerre mondiale) et le concept assez original d’une correspondance entre deux enfants séparés par cents années, surtout que j’apprécie énormément le genre épistolaire.
   Première déception : ce livre n’est pas si épistolaire que ça : il y a presque plus de narration que de lettres. En plus, si la vie du Hadrien de 14-18 est plutôt bien représentée, celle du Adrien de 2014 est truffée de clichés : lui est amoureux de sa meilleure amie qui en aime un autre ; bien entendu l’autre semble parfait mais en réalité c’est un idiot. On retrouve des personnages au caractère figé (la fille rigolote, le garçon timide, la fille forte tête, le garçon populaire etc.). Il est dommage que les traits de caractère n’aient pas été plus fouillés, plus complexes et donc plus réalistes. Je regrette également que les auteurs aient pris le parti de nommer des marques ou des noms de réseaux sociaux… Je comprends que les enfants puissent alors plus facilement s’identifier à l’histoire lorsqu’on leur parle de Facebook ou autres, mais je trouve dommage que l’on systématise le procédé pour deux raisons : les jeunes sont tout à fait capables de s’identifier aux personnages sans ça et le livre risque de mal vieillir quand toutes ces technologies seront dépassées. Il aura donc moins de facilité à perdurer dans le temps puisque son propos est semé de choses datées. Dernière déception : l’histoire est racontée au présent… Alors que les temps du récit sont depuis toujours le passé simple et l’imparfait. J’ai personnellement beaucoup de mal avec les récits au présent que je trouve moins fluides. Sachant qu’ici, certaines parties sont épistolaires et nécessitent donc le présent, il n’était pas utile d’en ajouter dans la narration. Mais encore une fois, on retrouve ce cas dans de nombreux livres jeunesses, à croire que les lecteurs sont incapables de comprendre un autre temps que le présent…
   Pour ce qui est des points positifs de ce livre – parce que oui, il en a quand même quelques-uns – je vais commencer par l’idée en elle-même que je trouve très astucieuse et originale ainsi que la couverture que je trouve très jolie. J’ai également bien apprécié le fait qu’il y ait deux polices d’écritures pour différencier les deux Hadrien/Adrien : l’une un peu ancienne et l’autre plus moderne pour les replacer dans leurs époques respectives. Et enfin, le gros point fort de ce livre, ce sont évidemment les références qui sont parsemées ici et là et qui ne sont parfois que de simples détails, mais qui, comme leur nom ne l’indiquent pas, ont toute leur importance : le fait que les boites aux lettres n’aient pas la même couleur (la poste avant été bleue et non jaune), les explications sur le mode de vie au début du xxe siècle renforcées par des photos d’archives insérées dans le récit.
   Pour conclure, ce livre a un concept original et très astucieux mais qui malheureusement n’est pas correctement exploité. Selon moi cette histoire aurait pu être tellement mieux… C’est ce que je regrette, mais je dois avouer qu’elle plaît beaucoup aux ados qui semblent y trouver leur compte.
   Et vous, dites-moi : avez-vous lu ce livre ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ? Si non, vous tente-t-il ?
~ Asty ~