Tout change mais rien n'est véritablement perdu. C'est ainsi que s'ouvre le septième tome consacré à Sandman chez Urban Comics. Il s'agit bien entendu du dernier de la série qui s'ouvre par les épisodes 70 à 75 du chef d'oeuvre de Neil Gaiman, et qui forment un arc narratif appelé La veillée. Cette fois le rêve est mort; mais le rêve peut-il vraiment mourir? Pour lui ne s'agit t-il pas juste simplement d'une transition, d'un changement du passage d'un état à un autre état? Quand le Sandman disparaît un autre prend la place, pas vraiment le même mais pas vraiment différent non plus. Pendant ce temps-là nous sommes tous invités à assister à la grande cérémonie des funérailles du Rêve.Toute la famille des Infinis, un nombre incalculable de personnages issus de l'humanité toute entière, y compris les héros de papier évoluant chez DC Comics comme Batman, Superman ou Le Limier martien (autant de clin d'œil sympathiques) sont convoqués pour entendre les derniers mots rendant hommage au disparu. Ces épisodes sont marqués par une série de résurrections, de récréations, comme par exemple l'inénarrable Mervyn Potiron, mais aussi par une série d'au revoirs, d'adieus de renoncements. Les épisodes sont tous profondément émouvants et empreints d'une forte sensibilité, parfois très ironiques comme lorsque Hob Gatling assiste à un festival Renaissance avec sa nouvelle petite amie; lui qui a déjà vécu à cette époque ne peut s'empêcher de manifester un profond sarcasme jusqu'à ce qu'il rencontre la Mort elle-même, pour une conversation où transparaît son désir de vivre. Le tout dernier numéro de Sandman, le 75, est consacré aux dernièrex créationx littérairex de William Shakespeare. Selon Gaiman celui-ci a pactisé avec le Rêve pour obtenir cette inspiration formidable qui lui a permis de construire sa longue carrière. Lorsque vient le moment de payer son tribut, à savoir la seconde des deux pièce de théâtre promises à son bienfaiteur, Shakespeare se heurte au prix personnel à payer pour une vie sacrifiée sur l'autel du théâtre. c'est Charles Vess qui illustre cette dernière histoire, avec un coup de crayon magnifique, pour un récit qui brouille les frontières entre création littéraire et histoire intime. Les autres parties sont dessinées par Michael Zulli et les pages sont mises en couleur et imprimées sans que celui-ci n'encre son travail. En conséquence nous obtenons des planches hyper détaillées avec un trait attentif aux moindres détails, qui emprunte aussi bien à l'hyperréalisme qu'à l'impressionnisme le plus onirique. Bref un travail magnifique.
Si vous souhaitiez en savoir un peu plus sur la famille dysfonctionnelle des Infinis, bonne nouvelle, car ce volume contient aussi tous les épisodes les mettant en scène tour à tour, et regroupés sous le titre de Endless Nights. Gaiman nous raconte une "aventure en solo" de chacun d'eux, ce qui nous permet de remarquer à quel point le Délire ou le Désir, par exemple, ne sont pas seulement les avatars de ce qu'ils devraient représenter, mais ils sont LE Délire et LE Désir, qui n'existent que par eux et en eux. Un dessinateur différent s'occupe de chaque récit, ainsi l'italien Milo Manara, grand spécialiste de la bande dessinée à caractère érotique, s'occupe fort logiquement de nous narrer les vicissitudes du Désir. Une jeune femme, voilà plusieurs siècles de cela, s'éprend du fils d'un chef de tribu barbare, et vengera l'assassinat de celui ci en jouant de ses atours, de sa séduction fatale, non sans avoir rencontré le membre des Infinis qui lui a transmis son savoir et sa nature. La Mort est elle aussi de sortie, sur un des nombreux ilots qui forment la ville de Venise. C'est un militaire de formation qui la rencontre, et ensemble ils pénètrent dans une villa décadente où depuis des siècles des nobles locaux trompent l'inéluctable avec des orgies sans fin. La Destruction apparaît à des archéologues qui ont mis à jour un terrain duquel ils extraient des souvenirs et des reliquats d'un futur prochain, alors que le Rêve lui même présente sa nouvelle petite amie au reste de la famille, bien avant que l'humanité, notre humanité, n'ait véritablement vu le jour. Des artistes comme Frank Quitely, Glenn Fabry, ou Miguelanxdo Prado et Bill sienkiewicz, sont chargés de donner naissance à ces épisodes particuliers, d'une pertinence et exigence artistique notables. Ce volume sept se complète comme toujours par des entretiens avec Neil Gaiman, qui nous explique sa démarche et nous offre une foultitude d'anecdotes savoureuses, de covers et illustrations rares, et un magnifique récit en prose, illustré par les estampes du maître Yoshitaka Amano, qui en font un joyau de raffinement et de beauté. The Dream Hunters est une expérience littéraire et sensorielle qui transcende l'univers habituel du Sandman, tout en constituant un des plus beaux hommages qu'il aurait été possible de présenter au personnage. Urban Comics nous a régalé tout au long de cette édition définitive de la série de Gaiman, mais croyez moi ou non, ce dernier tome est peut-être le plus beau visuellement. Stupéfiant.
A lire aussi : Sandman : La review des autres tomes de cette collection
Si vous souhaitiez en savoir un peu plus sur la famille dysfonctionnelle des Infinis, bonne nouvelle, car ce volume contient aussi tous les épisodes les mettant en scène tour à tour, et regroupés sous le titre de Endless Nights. Gaiman nous raconte une "aventure en solo" de chacun d'eux, ce qui nous permet de remarquer à quel point le Délire ou le Désir, par exemple, ne sont pas seulement les avatars de ce qu'ils devraient représenter, mais ils sont LE Délire et LE Désir, qui n'existent que par eux et en eux. Un dessinateur différent s'occupe de chaque récit, ainsi l'italien Milo Manara, grand spécialiste de la bande dessinée à caractère érotique, s'occupe fort logiquement de nous narrer les vicissitudes du Désir. Une jeune femme, voilà plusieurs siècles de cela, s'éprend du fils d'un chef de tribu barbare, et vengera l'assassinat de celui ci en jouant de ses atours, de sa séduction fatale, non sans avoir rencontré le membre des Infinis qui lui a transmis son savoir et sa nature. La Mort est elle aussi de sortie, sur un des nombreux ilots qui forment la ville de Venise. C'est un militaire de formation qui la rencontre, et ensemble ils pénètrent dans une villa décadente où depuis des siècles des nobles locaux trompent l'inéluctable avec des orgies sans fin. La Destruction apparaît à des archéologues qui ont mis à jour un terrain duquel ils extraient des souvenirs et des reliquats d'un futur prochain, alors que le Rêve lui même présente sa nouvelle petite amie au reste de la famille, bien avant que l'humanité, notre humanité, n'ait véritablement vu le jour. Des artistes comme Frank Quitely, Glenn Fabry, ou Miguelanxdo Prado et Bill sienkiewicz, sont chargés de donner naissance à ces épisodes particuliers, d'une pertinence et exigence artistique notables. Ce volume sept se complète comme toujours par des entretiens avec Neil Gaiman, qui nous explique sa démarche et nous offre une foultitude d'anecdotes savoureuses, de covers et illustrations rares, et un magnifique récit en prose, illustré par les estampes du maître Yoshitaka Amano, qui en font un joyau de raffinement et de beauté. The Dream Hunters est une expérience littéraire et sensorielle qui transcende l'univers habituel du Sandman, tout en constituant un des plus beaux hommages qu'il aurait été possible de présenter au personnage. Urban Comics nous a régalé tout au long de cette édition définitive de la série de Gaiman, mais croyez moi ou non, ce dernier tome est peut-être le plus beau visuellement. Stupéfiant.
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