Anticipant leurs séries respectives à venir sur Netflix, ces deux-là sont de retour ensemble. Pas encore associés, juste réunis pour s'occuper d'un cas tout personnel, mais ça ne saurait tarder. Luke Cage est bien sur Power Man (sans la tiare et la coupe afro si caractéristiques d'une époque révolue) et Danny Rand est Iron Fist, bien plus cool et accessible que la version (au demeurant excellente) de Kaare Andrews, dont le second et dernier tome vient de sortir chez Panini (Marvel Now!). Les deux amis ont un rendez-vous un peu particulier avec leur ancienne secrétaire, qui sort de prison après avoir été accusé de meurtre et avoir passé cinq ans derrière les barreaux. Jenny va les envoyer sur la piste d'un collier orné d'un joyau qu'elle souhaiterait récupérer, et qui est détenu par un des parrains du crime les plus connus des lecteurs de comics, l'infâme Tombstone. Ce que craignait le plus Luke finit par arriver : incompréhensions et susceptibilité finisse par provoquer une bagarre générale, et le début d'une aventure qui risque de laisser des traces chez les anciens Héros à louer, car source de cruelles désillusions sur les liens affectifs qui peuvent unir les personnes. David Walker avait promis, au moment d'écrire cette histoire, qu'il allait prêter une attention particulière au savant mélange entre le story-telling pur et dur, et une certaine réalité sociale qui transparaît dans ce titre. Pour le moment, l'équilibre est plutôt de rigueur, avec une tentation peut-être trop forte de jouer la carte de la coolitude, mettant de coté les aspects les plus sombres des deux héros pour se concentrer sur la façon dont ils interagissent, avec des répliques drôles et pleines d'esprit, notamment le retenue dont l'ami Cage fait preuve à chaque fois qu'il doit pester ou prononcer des jurons, qu'il remplace par des expressions absurdes à la demande de sa femme (Jessica Jones). La famille est au centre de la trame. Famille mise sur pieds par Luke, famille à comprendre au sens de liens très forts, comme ceux qui unissent Luke, Danny, ou leur ancienne secrétaire, mais aussi famille en tant que piège, poids mort qui vous entraîne vers le fond, comme l'histoire de Jenny en est la démonstration. Sanford Greene s'adapte parfaitement au ton de la série, en créant des pages et des personnages qui doivent autant à l'esthétique des années 70 que à une certaine tendance "grunge" et relâchée dans la physionomie des héros, et qui lorgne vers la caricature. Danny est probablement un poil trop jeune et naïf dans cette version, la carrure de Cage le rend agréable dans le rôle du gros nounours qui veut rester en dehors de tout problème. Certes, il est peu probable que cette direction amène cette série à exploser des records de vente, et à perdurer pendant des années, mais il y a suffisamment de matière pour en faire une des bonnes surprises du moment dans cette opération All-New All-Different, qui à défaut de mériter pleinement son nom a l'audace de présenter un nombre intéressant de titres qui opèrent dans la marge des comics mainstream. A lire aussi : Iron Fist, la série de Kaare Andrews, Tome 1