Tebori (T1/3)

Chronique « Tebori, tome 1 »

Scénario de José Manuel Robledo, dessin de Marcial Toledano,

Public conseillé : Adultes / Grands adolescents,

Style : Polar
Paru aux éditions « Dargaud », le 19 février 2016, 64 pages couleurs, 13.99 euros,
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L’Histoire

1998, Tokyo, Japon. Le jeune Yoshi est une mauvaise graine. Avec son gang, il fonce en moto avec les travers les quartiers populaires. Leur but : se débarrasser des “Spekter”, la bande rivale. La violente course-poursuite se finit pour lui par un accident spectaculaire. Pour sortir de cette spirale de violence, son grand-père l’amène en apprentissage chez Seijun, un grand maître du tatouage…
Des années plus tard, Yoshi est devenu un tatoueur réputé…

Ce que j’en pense

Un peu plus d’un an après le superbe “Little Tulip” (de Jerome Charyn et François Boucq), les espagnols Robledo et Toledano (qui ont commis la superbe trilogie “Ken Games”) s’attaquent eux aussi à l’art du tatouage.
Ici, pas de mafia russe, mais la très traditionaliste mafia japonaise, les “Yakusa” ! Pour évoquer ce pan de la société japonaise, les auteurs font un “rewind” dans les années 90. Dans cette époque troublée en manque de repères, certains jeunes japonnais finissent dans des gangs ultra-violents, qui leur ouvrent les portes de la Mafia.
José Manuel Robledo ne choisit pas de raconter l’ascension d’un de ces petits jeunes (on ‘est pas dans “Le Parrain”, ou “Scarface”). Tout au contraire, il s’attarde sur le destin de Yoshi, en complète rupture avec ce passé violent. Dans le giron d’un grand maître tatoueur, le jeune homme se révèle à ce nouveau métier, en intégrant toutes les subtilités et la tradition de la “vieille école”. Bien évidemment, les ennuis le rattrapent (et pas que lui), même s’il a définitivement tourné la page…

J’ai été complètement absorbé par ce premier tome. Efficacité absolue, narration aux petits oignons et dessin réaliste de grande qualité, je l’ai dévoré. Peut-être est-ce du à mon engouement pour cette culture, pour laquelle je me suis passionné dans ma jeunesse ? Peut-être simplement, est-ce du aux qualités intrésèques de cette trilogie. Les deux espagnols savent raconter et nous plonger dans un univers original, complexe et documentée. En cela, le choix des tatouages japonnais traditionnels est particulièrement bien vu. Toledano trouve ici de quoi faire éclater son goût pour un graphisme dynamique, puissant et minimaliste. A la frontière entre film japonais contemplatif et film de “Yakusa” (à la manière de Takeshi Kitano), Robledo et Tebori m’ont carrément scotché !


Coté dessin, j’avais déjà beaucoup aimé le travail de Marcial Toledano dans sa série précédente “Ken Games”. Sur “Tebori”, son dessin se fait plus réaliste. L’univers “graphique” (par définition du tatouag) est un parfait écrin pour cet excellent dessinateur.
Fluide, dynamique, le trait très léger s’efface derrière des volumes et une mise en lumière parfaits.

Pour résumer, vous voulez une BD d’aventure dépaysante et intelligente, qui joue avec les émotions, les références et l’action, vous êtes bien tombé ! En trois tomes annoncés, cette mini-série est faire pour vous.

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