Communardes ! (T3) – Nous ne dirons rien de leurs femelles

Chronique « Communardes ! T3 »

Scénario de Wilfrid Lupano, dessin de Xavier Fourquemin,

Public conseillé : Adultes / Adolescents,

Style : Historique
Paru aux éditions « Glénat », le 24 février 2016, 56 pages couleurs, 14.50 euros,
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L’Histoire

Paris 1858. Eugénie Jeaujard s’ennuie fort. Fille d’un colonel de retour d’Afrique, elle ne pense qu’à Edouard, le bel artisan-relieur qui lui fournit les livres qui la font voyager… Accompagnée de Maria, sa domestique, Eugénie se rend une nouvelle fois dans sa boutique… et se donne à lui.
Quelques temps après, la famille apprend l’horrible nouvelle : Eugénie est enceinte ! La réaction ne se fait pas attendre. Hubert est prié de déguerpir, Maria est licenciée et Eugénie enfermée dans un couvent…
Avril 1871, les communards sont en guerre contre le gouvernement, les curés, les bourgeois. Ils se battent contre l’armée régulière qui a pris position à Versailles. Sur les barricades, Maria tient sa place (et les armes) dans “l’Union des Femmes”.
Dans un bal populaire improvisé, elle retrouve Edouard…

Ce que j’en pense

Voici déjà le 3ème album de “Communardes !”, la série historique (composée de one-shots), créé par Wilfrid Lupano, éditée chez Glénat. Après “L’Artistocrate fantôme” (dessin de Jean Anthony) qui se focalisait sur un destin incroyable, “Les éléphants rouges” (dessin de Lucy Mazel) qui racontait le quotidien d’une pré-ado, c’est au tour d’une femme du peuple, Marie, d’être sous les feux des projecteurs.
Femme ordinaire prise dans la grande Histoire, cela semble être le maître-mot de Wilfrid. Son personnage principal n’est qu’une domestique ordinaire, congédiée suite aux erreurs de jeunesse de sa patronne. Sans travail, elle choisit le combat (armé) pour défendre sa vie. Plus par rébellion que par conviction politique, Marie devient une des farouches participantes de “L’Union des femmes”.
Bien entendu, Marie est une femme forte au sens premier du terme. Libérée, à égalité avec ses homologues masculin, c’est une femme qui vit le “féminisme” dans ses extrêmes.

Le combat est le thème majeur de l’album. Wilfrid Lupano et Xavier Fourquemin consacrent presque un tiers de l’album aux combats de rue. Pleins de bruits et de fureur, mais aussi d’émotions, j’ai surtout apprécié ce 3e “Communardes !” pour le portrait plein de justesse que nous offre Wilfrid.

Par contre, Si vous attendez le “Lupano” léger et sautillant de “Célestin gobe la lune”, “7 nains” ou ”L”homme qui n’aimait pas les armes à feu”, cette série n’est pas pour vous. Ici, c’est le drame (la vie de Marie) qui guide sa plume.

Très documenté, cet épisode s’inscrit totalement dans la lignée d’une bande dessinée historique. Wilfrid se sert de la petite histoire pour mettre en lumière une des plus grosses régressions sociales. Les communardes se sont crues égales aux hommes, capables de donner la mort comme leurs homologues ? Soit, mais les pauvrettes ne sont as douées de discernement, voire d’intelligence. C’est en substance le discours du professeur Luis Bergeret, que Lupano reprend partiellement en fin de volume…

Au dessin, Xavier Fourquemin assure ce one-shot dans son style bien reconnaissable. Son trait légèrement caricatural se prête bien à cette histoire dramatique et “ordinaire”. Il met en scène ce Paris en guerre avec réalisme et expressivité. Le découpage est très classique, et la lisibilité très fluide. Fourquemin fait dans le sobre. Il évite les grands effets, excepté les salissures, explosions et fumées durant les combats.
Enfin, la mise-en-couleur de Anouk Bell met en valeur le dessin de Fourquemin. Assez saturées (ça serait dommage de ne pas exploiter la chevelure rousse de Marie), les volumes et lumières nous immergent dans la scène.

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