L'intrigue
Linus, 16 ans, se réveille un matin sur le sol d'un sinistre bunker souterrain. Sans eau, sans nourriture... et sans la moindre explication. Manifestement, il a été kidnappé. Pour quel motif ? Et qu'attend-on de lui ? Les jours passent. D'autres détenus, n'ayant apparemment rien en commun, sont amenés par un ascenseur,. Une petite fille. Un vieil homme malade. Un toxicomane. Un autre homme, une autre femme. Capturés en pleine rue, comme lui et désormais, constamment surveillés. Incapables de comprendre ce qu'ils font en ce lieu. Bientôt, et tandis que le temps commence à perdre sa réalité, une horrible vérité se fait jour. Il ne s'agit plus de sortir - c'est manifestement impossible. Il s'agit de survivre. Ensemble. Le plus longtemps possible. En espérant obtenir une réponse à la seule question qui vaille : Pourquoi ?Chronique
Un grand merci aux Editions Super 8 et à Nadia, comme d'hab, pour cette avant-première qui sort le 12 mars si je ne me trompe pas ! (Dans ce format du moins.)
Alors OUI, la couverture est déjà alléchante, OUI l'intrigue aussi et OUI rien que le titre ausssiiiii ! C'est bien simple, aussitôt reçu et déballé, aussitôt entamé !
Vous aimez les huis-clos, les psychopathes et les intrigues où l'on cherche le pourquoi du comment ? Alors vous DEVEZ lire Captifs ! Les critiques ont été enthousiasmées par ce roman, mais n'hésitent pas à le qualifier pour autant de cruel et à faire toute une polémique à son sujet.
Parce qu'en effet, avec Captifs, Kevin Brooks n'hésite pas à casser les codes du genre...
Nous nous retrouvons avec Linus, qui nous parle via son " journal intime ", qui est en fait un carnet trouvé dans son bunker... Bunker où il se retrouve enfermé du jour au lendemain, seul, sans savoir pourquoi et sans aucun contact avec le monde extérieur. Sans nourriture non plus d'ailleurs.
Imaginez un bunker dans le genre " survivaliste ", six chambres, une salle de bains avec toilettes, une cuisine et un ascenseur, qui semble réglé sur minuterie pour faire des allers-retours entre le bunker et le " là-haut ". Linus s'y retrouve piégé, et ce n'est que quelques jours plus tard que d'autres personnages vont venir lui " tenir compagnie ", eux aussi victimes d'un psychopathe aussi taré que vicieux !
Une petite fille, un drogué, un homme d'affaires... Tous ces gens aux profils très différents vont devoir apprendre à survivre en communauté en tentant de comprendre la raison de leur présence dans cet enfer. Parce qu'une chose est sure, ils sont observés, et si leur kidnappeur ne communique jamais avec eux, il les observe, les punit, les récompense, et semble se délecter de son atroce jeu.
En plus de cette configuration de base qui ne peut que rendre curieux, ce qui est incontestablement original dans ce roman, c'est le personnage du psychopathe : on ne le voit pas, on ne l'entend pas, il est impossible de lui parler directement mais on sait qu'il est là, omniscient, passant de simple kidnappeur à Dieu vivant ayant le contrôle de la vie d'autrui. Lorsque Linus parle de lui, il passe du simple " il " au début au " Il et Lui " au fur et à mesure des jours.
La forme est sympa : Linus nous écrit pratiquement au jour le jour à travers un petit carnet, et nous explique en temps réel les conditions de leur détention, le moyen trouvé pour obtenir de la nourriture, les relations entre les " détenus "... Et leur incessante recherche du pourquoi. Pourquoi sont-ils ici ? Qu'attend-on d'eux ? Comment s'échapper ?
Ils passent par tous les stades, et le journal de Linus nous montre clairement comment on peut se retrouver paumé dans un endroit comme ça coupé du monde. Les jours passent, mais est-on sur de quel jour on est ? A la fin, il ne prend même plus la peine de les noter. Leur kidnappeur va jusqu'à se moquer d'eux avec l'unique horloge qui leur sert de repère...
C'est vicieux à souhait, leur bourreau a absolument tout prévu : comment les manipuler, comment les monter les uns contre les autres, instaurer la psychose... On voit clairement qu'il joue, et qu'il s'éclate.
J'ai adoré voir les relations se nouer et se dénouer au fur et à mesure des jours, j'ai été touchée par Jenny, son innocence et son optimisme, par Linus, cet ado paumé qui vit dans la rue et se positionne clairement en tant que leader pour garder la face. J'ai détesté certains autres personnages pourtant absolument indispensables.
On voit les jours défiler, la routine s'instaurer, puis le désespoir, ensuite la joie, puis l'incrédulité... C'est vraiment très bien pensé, on n'peut pas s'empêcher de s'imaginer à leur place et de se demander ce qu'on ferait, s'il n'y a pas un moyen de s'en sortir ! Parce que clairement, il n'est pas question pour Monsieur Psychopathe de leur faciliter la vie, et autant dire qu'il ne leur laisse pas beaucoup d'espoir de sortir d'ici un jour.
L'auteur n'hésite pas à y aller à fond, à être cruel, gore, humain puis inhumain, pour nous laisser avec une fin absolument effarante et qui, franchement, change de d'habitude. J'ai adoré détester cette fin.
Et s'il suffisait juste de trouver comment amadouer Monsieur Psychopath e ? Que veut-il, qu'attend-il ? Est-ce simplement un jeu, y 'a-t-il un but ? Qu'est-ce qui se passe là-haut de son coté, dans sa tête de mec complètement barré pour s'en prendre à une fillette ?
C'est génial et diabolique à la fois. Je ne peux pas m'empêcher de me demander s'il aurait pu y avoir une autre fin si nos personnages s'y étaient pris autrement....
Coup de coeur pour ce roman infernal !
En deux mots
Un presque huis-clos qui sort des sentiers battus, qui mélange panique, angoisse, cruauté, humanité et manipulation.
Un auteur qui prend des risques, nous fait travailler nos méninges et nous frustre en disant à la fois tellement et si peu de choses.
Incontournable, à lire absolument !
[Informations livre : Kevin Brooks - Captifs | Thriller | Editions Super 8 | 321 pages | 18€]