Résumé :
« Pour parler de ce livre, il faut raconter l’histoire du livre lui-même.
Il était une fois un garçon d’une vingtaine d’années. Qui tombe amoureux d’un mec. D’un mec hétéro. Rien de très original.
Mais ce garçon se met en tête d’écrire une lettre. Dans cette lettre, il va raconter sa vie, son enfance, ses peurs, ses péripéties d’enfant normal, ou presque, péripéties touchantes, souvent drôles, parfois choquantes, toujours humaines.
Cette lettre il la donne à Hervé. Et il la donnera également plus tard à ses parents, en se rendant compte qu’il n’avait jamais rien écrit de mieux pour expliquer qu’il était différent. Des années passent. Il reçoit alors l’appel d’un inconnu : le psychologue de son père. Il apprend que son père s’était lui aussi servi de cette fameuse lettre, pour parler de son fils sur le divan. Pourquoi ce psy avait-il appelé ? Pour demander l’autorisation de faire lire cette lettre à un autre patient, dont le fils était gay, lui aussi. Pour l’aider à accepter son fils.
Cette histoire, vraie, et d’autres événements de la vie, allaient finir par convaincre l’auteur de publier cette lettre, sous forme de fiction, en préservant l’authenticité de l’original. »
Mon avis :
Je tiens tout d’abord à remercier le site Babelio et l’auteur Eric Sagan pour l’envoi de ce livre.
Dans le petit mot qui accompagnait le livre, l’auteur a écrit « Ce n’est pas une histoire d’amour. C’est l’histoire d’une déclaration d’amour ». Ce sont ces mots qui m’ont vraiment donné envie de découvrir ce livre. Et je n’ai pas été déçue. J’ai même été très touchée, surtout à la fin.
Ce que je vais te raconter, j’aurais été incapable de le faire face à toi. C’est tellement plus simple de parler à du papier. C’est gentil le papier, ça absorbe l’encre bien noire, gentiment, sans rien dire. Ça ne dit rien, ça accepte tout.
Dans ce livre nous apprenons à connaître l’auteur. Au travers de la lettre, il nous décrit son enfance, son adolescence, toutes les expériences qui ont fait de lui ce qu’il est aujourd’hui (du moins ce qu’il était au moment de l’écriture de ces lettres). C’est un récit très personnel, dans lequel l’auteur ne cherche pas à cacher ses fragilités, et c’est pour cela que j’ai apprécié. On sent bien que l’auteur ne cherche pas à se créer un personnage pour plaire au destinataire de la lettre. Au contraire, il se dévoile complètement.
En revanche, contrairement à ce que la quatrième de couverture pourrait laisser croire, il ne justifie pas son homosexualité. Ce n’est pas un livre centré sur un jeune homme se rendant compte qu’il est attiré par les hommes, ni sur la façon de faire son coming-out. C’est l’histoire d’un jeune homme point. Ce jeune homme, certes, est gay. Mais ce n’est pas cela l’essence même du livre. Cette lettre est seulement un récit innocent de la vie de l’auteur, destiné à Hervé, une personne qu’il aime assez pour se confier à lui sur ses expériences passées, qu’elles soient drôles, embarrassantes ou juste anecdotiques. A travers cette lettre, on ressent vraiment l’amour que l’auteur porte à Hervé. C’est très touchant. Surtout quand certaines phrases sont inachevées, qu’une ligne ne contient qu’un « je… », comme s’il avait réellement peur de dire quelque chose qui pourrait déplaire à son destinataire, quelque chose qui le ferait renoncer à lire l’intégralité de cette lettre.
J’ai lu cette lettre en une heure. Une fois commencée, je n’ai pas pu en décrocher. En réalité, l’écriture est tellement simple (simple, pas simpliste), tellement fluide et touchante à la fois, qu’on tourne les pages mécaniquement. On veut en savoir plus sur cet enfant qui préférait se plonger dans des livres que de shooter dans un ballon, sur cet adolescent et ses premières expériences avec les filles comme avec les garçons. En fait, je crois qu’on s’attache à l’auteur, comme si la lettre nous était destiné.
Si cela devait être la faute de quelqu’un, c’est évidemment celle des gens « normaux », en tout cas majoritaires, qui ne peuvent s’empêcher de ridiculiser ceux qu’ils ne comprennent pas. Ces gens normaux qui sont même parvenus à me faire ressentir du dégoût pour des mecs qui, comme moi pourtant, aiment d’autres garçons. Qui sont parvenus à me faire croire que je n’étais pas gay.
Comme je l’ai déjà dit plus haut, ce récit est réellement touchant. Je crois que c’est sa principale qualité : l’émotion. Quant à la fin du récit, je ne m’y attendais pas. Vous allez me dire, que peut-il y avoir de surprenant à la fin d’une déclaration d’amour ? Lisez-le, et vous le verrez. Mais je dois bien avouer que la dernière page, m’a toute chamboulée, j’étais au bord des larmes. (Sensibilité, quand tu nous tiens !)
J’étais certainement intelligent. Au sens bête. De cette intelligence qui permet d’avoir de bonnes notes à l’école. De cette intelligence stupide qui pousse à se croire supérieur aux autres et à vouloir les écraser. De cette intelligence maudite qui apporte l’exclusion.
Ma chronique est courte. Le récit l’est aussi (une centaine de pages). Une longue chronique serait disproportionnée et serait surtout inutile. La lettre reste belle, tout en étant simple. La décortiquer dans un article de blog de 2000 mots serait totalement incohérent. Tout ce qu’il me reste à dire c’est que je vous encourage à découvrir cette lettre émouvante. Elle se lit vite, et je vous assure que ce ne sera pas une perte de temps.
Note :
A vrai dire, pour la première fois sur le blog, je n’ai pas envie de noter un livre. Car ce n’est pas un livre comme les autres. Le noter reviendrait à porter un jugement sur la vie et les sentiments de l’auteur.
Je ne peux me résoudre à rentrer dans le moule, avoir une maison, un chien, deux enfants, trois télés, et passer mes week-ends à tondre la pelouse, avec ma tendre épouse qui me regarde, souriante, par la fenêtre, en m’appelant « mon chéri ».
Décidément non.
J’ai besoin d’espace, d’imprévus, de défis de quelqu’un d’assez taré pour avoir envie de courir un marathon, de partir en moto, sous la pluie, faire une randonnée dans les Alpes en hiver.