Carter contre le diable de Glen David Gold

Par Folfaerie

D’abord, il y a eu Garcimore. Celui qui ratait un peu ses tours en deux crises de fou rire. Et puis, un grand bond plus tard, David Copperfield et ses spectacles de magie à la scénographie impeccable. Entre les deux, Mandrake, que je lisais quand j’étais ado, Harry Houdini, découvert en regardant le téléfilm avec Paul Michael Glazer et oui, tout ceci ne nous rajeunit guère…), Robert-Houdin le plus grand magicien de tous les temps (parait-il), le magnifique Prestige de Christopher Nolan, dont je ne suis pas totalement remise, L’illusionniste avec Edward Norton, et même, je l’avoue, Les insaisissables, au scénario improbable, mais que j’ai bien aimé quand même.

Tout ça pour dire que si on me parle magie, j’accroche tout de suite. Et là, avec ce gros pavé, j’ai été gâtée.

« Puisque toutes les créatures sont au fond des frères. Il faut traiter vos bêtes comme vous traitez vos amis ».

Carter le Grand est un magicien dans l’âme. Il découvre sa vocation très tôt, alors qu’il est encore un enfant, et ne dévie jamais de sa route. Ce magicien a réellement existé, il a marqué le début du XXème siècle, réalisant des numéros époustouflants, rivalisant avec les meilleurs prestidigitateurs de son époque.

Le foisonnant roman de Glen Davig Gold prend évidemment des libertés avec la biographie de l’artiste mais on s’en moque bien tant le récit, plein d’intrigues, d’humour et de suspense, laisse pantois.

L’auteur a dû recevoir un coup de baguette magique pour envoûter le lecteur à ce point, car à l’image de Carter le Grand, ne vous fiez pas aux apparences, à ce que vous voyez, tout n’est qu’illusion et vous serez bien malin si vous devinez comment un lion, la mort d’un président et le diable peuvent influencer la vie d’un homme aussi peu ordinaire que Charles Carter.

N’allez pas croire cependant que le roman est un catalogue des tours les plus extraordinaires. Oh que non. On y parle de tragédies, d’amour avec un grand A, de sombres mystères à travers un magnifique portrait de la jeune Amérique, en ses années les plus folles.

Vous finirez probablement comme moi, scotchée à votre fauteuil, dans l’attente du final d’un spectacle digne d’un génie de la manipulation.

– À vrai dire, colonel Starling, peu d’illusions sont des créations originales. Tout est affaire de présentation.
Starling garda le silence.
– En d’autres termes, je n’ai pas inventé le sucre et la farine, mais je réussis une tarte aux pommes assez savoureuse

J’en profite pour signaler que l’on trouve ce roman en poche mais qu’il a été édité par Super 8 éditions dont le catalogue ne cesse de m’étonner.