Éditions Delcourt, 2013 (160 pages)
Ma note : 17/20
Des émotions fortes. Un parfum de scandale. Mais surtout, un aspect biographique (terrible, mais prenant) qui vaut la peine d’être découvert. Comment vous dire à quel point j’ai adoré ? Ce roman graphique constitue mon premier coup de cœur 2016.
Début de la Grande Guerre. Après avoir épousé Louise, Paul est envoyé au front. Pour fuir les horreurs de la guerre, il se mutile, puis devient déserteur. Aidé de sa dulcinée, une solution lui apparaît afin de se cacher et d’éviter le peloton d’exécution : troquer le pantalon pour la jupe. Paul devient alors Suzanne.
Si Chloé Cruchaudet s’est appuyée sur un essai historique (signé Fabrice Virgili et Danièle Voldman), le format roman graphique fonctionne extrêmement bien. Les dessins sont d’une beauté incroyable. La finesse du tracé, reprenant uniquement des nuances de gris et de noir ponctuées de rouge, évoque tour à tour l’atmosphère pesante de la guerre, le danger à se cacher, la féminité. J’ai pu découvrir une intrigue aussi surprenante que bouleversante (car effrayante, mais vraie). Je ne savais pas qu’après la Libération, les déserteurs auront mis plus d’une dizaine d’années à être amnistiés. Si le roman aborde la thématique du travestissement forcé, qui entrave donc la virilité de Paul, bien d’autres sujets sont abordés : la culpabilité, les ravages de la guerre sur le plan psychique, mais aussi la question du couple dans un tel contexte. Prise dans un véritable tourbillon, la relation entre Louise et Paul se fait ainsi peu à peu des plus complexes. Le twist final est quant à lui saisissant… Je ne m’y attendais pas du tout.
En résumé, Mauvais genre est un roman graphique étonnant, mais addictif. Je l’aurai lu d’une traite. Et surtout, je suis passée par toute une palette d’émotions. C’est pour moi une merveilleuse découverte. Une fois lues, les pages de ce roman graphique continuent de résonner en moi. Un roman que je n’oublierai pas de sitôt.