Pour ce retour de Black Widow, Mark Waid et Chris Samnee frappent fort et osent un format en passe de devenir classique mais toujours capable de nous surprendre : l'épisode muet. Bourré d'action et de mystère, Widow virevolte et est plus classe que jamais.
Vous savez ce qui est génial dans un épisode muet réussi ? L'importance donnée aux détails.
Enfin, j'exagère un peu lorsque je parle d'épisode muet. Ici, c'est uniquement Natasha qui reste silencieuse, poursuivie par une horde d'officiers du S.H.I.E.L.D. pas contents et quelque peu terrifiés à l'idée de se prendre une mandale. La réputation de Black Widow la précède, évidemment, et ses poursuivants oscillent entre deux approches : la prendre à la légère en se jetant bêtement sur elle et se méfier à mort en tentant de la neutraliser à distance. Inutile de préciser que c'est la seconde solution qui me semble la plus réfléchie mais cela n'engage que moi.
Notons que ce Black Widow #1 est servi pas de nombreuses couvertures variantes, toutes plus chouettes les unes que les autres, même si celle de Phil Noto est un peu limite. Jolie mais limite. La caméra entre les jambes c'est pas le point de vue le plus pertinent. Ma préférence va à la couv originale de Samnee avec cet énorme titre qui en impose et cette cascade qui reflète à merveille le contenu du bouquin.
Tout ça a l'air très tentant mais au fond, Black Widow #1, de quoi ça parle ? C'est très simple. Tout commence par une annonce de Hill : Natasha Romanoff alias Black Widow est désormais une ennemie du S.H.I.E.L.D. et doit être arrêtée. Pour Natasha, il est donc temps de se tirer, et vite, puisqu'elle se trouve justement au beau milieu du QG de l'organisation. Ah les espions, on peut vraiment pas leur faire confiance.
En dehors de notre merveilleuse héroïne, les personnages sont relativement interchangeables. Les membres du Shield ne sont que ça, des soldats qui se font rouler dessus par une Widow au top de sa forme et, si on aperçoit rapidement Maria Hill en plein pétage de plomb, elle est le seul personnage récurrent reconnaissable. Quoique... Ne serait-ce pas ce bon Agent Preston, tout droit sorti du run de Brian Posehn et Gerry Duggan sur Deadpool ? Sans vouloir passer pour une monomaniaque bien sûr.
Le dessin est délicat, vivant, dynamique. La page où Black Widow passe à travers la fenêtre mérite d'être encadrée, même les couleurs de Matthew Wilson sont superbes, subtiles, et apportent encore à la qualité de l'ensemble. A défaut de paroles, ce sont les expressions faciales qui prennent de l'importance et c'est à nouveau très réussi. Les décors, sans être richissimes, sont efficaces lorsqu'ils doivent l'être. Graphiquement, impossible de reprocher
Le rythme de Black Widow #1 est ce qui marque lors de la première lecture. Vif et sans interruption, il nous fait courir aux côtés de Natasha, sans savoir pourquoi, si bien qu'on en vient même à lire vite, très vite à tourner les pages sans pouvoir s'arrêter. Et ce jusqu'à une apothéose qui amène l'héroïne à un état de fatigue extrême et magnifique, au bout de son énergie et de ses capacités, les épaules basses, prostrée, superbe dans son épuisement face à ce qu'elle vient d'accomplir. De fait, ce premier numéro se lit à une vitesse folle mais il ne faut pas s'en contenter car c'est à la relecture que le tout explose vraiment.
Black Widow #1
Marvel Comics * Par Mark Waid & Chris Samnee * $3.99
Ce premier numéro est incroyable mais à double tranchant. Il va falloir continuer à ce niveau pour la suite car, c'est certain, Waid et Samnee auront accrochés de nombreux lecteurs avec cette introduction belle et rythmée. La chute risque d'être dure si les numéros suivants n'assurent pas mais j'ai confiance, Waid et Samnee ont géré surDaredevil, et cette fois encore, ils seront capables d'amener le personnage là où on ne s'y attend pas. Une très bonne surprise sur tous les plans et l'envie irrépressible de lire la suite, immédiatement !