Interview Martin Veyron pour « Ce qu’il faut de terre à l’homme »

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Au FIBD, nous avons rencontré Martin Veyron, pour son actualité, l’adaptation d’une fable de Tolstoï intitulée « Ce qu’il faut de terre à l’homme ».

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Expression@Datacenter@05_v6

Cela fait un moment que tu n’avais pas été édité. Quelle était ta motivation ?
M. V. J’avais un contrat à honorer.(RIRES)…
Le dernier album datait de 2013. Cela a pris du temps, car j’ai débuté un projet qui n’a pas abouti. J’ai fait une quinzaine de pages…

On n’en parle pas alors ?
M. V. Si, si. Cela a un rapport avec cet album. Je cherchais à dénoncer les méfais du productivisme. Et comme je voualis le traiter de façon contemporaine, je me suis vite fait écraser par mon sujet. Trop complexe.

On te connait pour tes albums engagés, mais toujours dans un contexte “moderne” (L’amour propre, Bernard L’hermite…).
M. V. Je n’invente rien. Ce sont des scènes de la vie contemporaine.

Tu as un petit discours social. Ce n’est pas neutre ?
Sur “Ce qu’il faut de terre à l’homme”, on est très loin de cela. Ni urbain, ni contemporain. Comment en est tu arrivé là ?
M. V. Quand j’étais bloqué dans ce projet, je me suis souvenu par miracle d’un conte russe que j’avais lu il y a longtemps. Je me rappelais seulement de la dernière phrase : Ce qu’il faut de terre à un homme. J’ai tappé ça sur Google et je suis tombé sur la nouvelle.
Je l’ai relu. Je me suis aperçu que tout était là. les personnages, la fable.

Comment est cette fable ?
Très courte. J’ai du développer toute la première partie. J’ai voulu insister sur l’avidité du personnage.

ton personnage est antipathique. C’est un anti-héros ?
M. V. Non, il n’est pas si antipathique. Tous ces arguments sont recevables. Comme lui, on peut se griser de la fortune.

Pour toi, c’est la seule option ?
M. V. Non, je la condamne. Il n’est pas enviable. il n’y a auvun bonheur dans la recherche de la richesse.

Mais c’est inéluctable ?
M. V. Je crois que c’est simplement humain.

J’ai beaucoup apprécié ton dessin. Paysage assez vide, campagne russe. Cela t’a demandé un travail particulier ?
M. V. Moi, je garde ma façon de dessiner. Après, ce que j’ai représenté, cela change de mes albums précédents. ça m’a fait un bien fou. Ne pas dessiner de voitures, les remplacer par des chevaux, des carrioles… J’étais vachement content.

Tu as travaillé sur la variété de la narration ?
M. V. Oui, je me suis amusé à utiliser toutes la grammaire de la bande dessinée.

120-130 pages, c’est long à produire. Il n’y a pas de risque d’épuisement ?
M. V. Non. J’utilise de grandes cases pour les paysages, des splash pages…

J’ai aimé les pages sans paroles… C’est rare en BD.
M. V. Ca, c’est important pour moi. Je voulais que le lecteur prenne le temps de regarder. Sur une page sans texte, il est obligé de regarder.

C’est contemplatif ?
M. V. Il y a quelques pages comme ça. C’est important de prendre son temps. Dans la fable, il est dit qu’il met 7 jours pour faire le tour….

C’est toi qui a fait les couleurs ?
M. V. Non, c’est mon fils (un artiste plasticien) qui a fait le “coloriage” (Rires).

Comment l’as tu dirigé ?
M. V. C’est un artiste, Donc, je n’ai pas eu à intervenir. Je lui expliqué ou et quand cela se passait. Il a des audaces que je n’aurais pas eu.

La page ??; par exemple. Elle a des couleurs irréalistes, et l’émotion passe par la couleur…
M. V. Je trouve aussi. C’est parfaitement réussi. C’est particuliers. et on sent que ça caille…

Tout passe par l’ironie. C’est essentiel dans l’album ?
M. V. Moi, je ne sais pas faire autrement. Dans un dialogue, dans une mise-en-scène, je vois de l’ironie partout…

Je le vis comme ça.
L’idée de faire un dialogue plat me fait peur. Dans la vie, j’ai besoin de raconter des choses marrantes.

Mais ça ne passe pas par le dessin.
M. V. C’est ma façon de m’exprimer. j’aurais bien aimé, mais mon dessin n’est pas suffisamment drôle.

Il y a des tentatives… Cette page ou tu fais parler tes personnages par rébus…
M. V. Celle la est particulière. C’est un jeu. Je me suis beaucoup amusé à trouver les bons dessins. Pas sur d’ailleurs que ce soit complètement compréhensible.

Merci Martin.

Interview réalisée le 30 janvier 2016, au 43ème Festival International de Bande Dessinée d’Angoulême, par Jacques Viel, pour « Un Amour de BD ».
NB : Un grand merci à Martin Veyron et à l’équipe Dargaud (Hélène, Clothilde, Delphine…)