Chronique « Contrecoups – Malik Oussekine »
Scénario de Bollée, dessin de Puchol,
Public conseillé : Adultes / Adolescents,
Style : Documentaire
Paru aux éditions « Casterman », le 16 mars 2016, 208 pages noir et balnc, broché, 18.95 euros,
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Ce que j’en pense
1986, L’affaire Malik Oussekine… J’avais 19 ans à l’époque et cette affaire, qui a secoué l’état français, m’avait profondément marqué. Un jeune homme de 22 ans tombe sous les coups des CRS volants (les brigades des VPM), après une manifestation étudiante anti-loi Devaquet. Aucun rapport entre le deux si ce n’est des CRS trop motivés, une énorme bavure policière et un jeune homme basané d’origine arabe, même pas étudiant, qui traînait par là…
Laurent-Frédéric Bollée, journaliste à France 2 et scénariste de nombreux albums (Apocalypse Mania, Dealdine, Terra Australis…) et Jeanne Pucol, auteure d’une vingtaine d’albums, reviennent ensemble, 30 ans après sur l’affaire “Malik Oussekine”.
Il aura sans doute fallut tout ce temps aux auteurs pour digérer et oser tenter un documentaire (à charge) sur ce “hoquet” de la république.
Pour aborder le sujet, sans y mettre trop de pathos ou de renssentiments, Bollée choisit de ne pas centrer le récit uniquement sur le jeune Malik. Dans un récit chorale parfaitement orchestré, il raconte en parallèle la vie et les réactions des gens qui gravitent autour du drame. La famille des voisins de la victime, deux jeunes étudiants qui tombent amoureux dans les manifestations, un des CRS qui se sent coupable de ne pas avoir empêché cela, la jeune coroner, un jeune homme un peu perdu et en dehors du système, un jeune médecin urgentiste.. Toutes une galerie de portrait qui vivent de façon plus ou moins proche la situation.
Au départ, j’avais un peu peur de lire un documentaire violent et sans concession sur cette « boucherie policière ». Mais il n‘en est rien. Bien entendu, l’album est à charge sur les CRS et la machine de l’état français qui tente de tout effacer. Mais le traitement chorale, avec ses différents points de vue, rend l’ensemble “humain” avant tout.
Au dessin, Jeanne Puchol nous offre un dessin noir et blanc pur jus, qui accompagne parfaitement le documentaire. Le trait réaliste fait mouche avec sensibilité et simplicité. Compositions classiques et lisibilité parfaite, les deux cents et quelques pages se lisent avec une grande facilité.