Titre et auteur : Maestra, T1de LS Hilton
Maison d'édition : Robert Laffont
Date de publication : 10/03/16
Nb pages : 384
Résumé : Le thriller le plus scandaleusement original que vous lirez cette année.
Le jour, Judith Rashleigh est assistante dans un hôtel de ventes aux enchères londonien qui l'exploite malgré ses diplômes et son talent. La nuit, elle officie dans un bar à hôtesses où elle séduit sans effort.
Judith sait qu'elle doit jouer le jeu. Pour faire carrière et pour charmer les hommes, elle a appris à être une gentille fille... Jusqu'à ce qu'elle découvre une gigantesque escroquerie autour d'une fausse toile de maître. Licenciée avant d'avoir pu faire éclater le scandale, Judith décide de fuir avec un riche client sur la Côte d'Azur. Là-bas, un monde décadent et corrompu les attend. Là-bas, elle goûtera à la vengeance. La gentille fille deviendra femme fatale.
Nous faisons la rencontre de Judith, une jeune femme travaillant dans le domaine de l'art le jour. Exploitée malgré son haut niveau d'aptitude et ses connaissances remarquables, elle se décide à suivre une de ses connaissances dans un bar à hôtesse, le Gstaad club où elle travaille désormais la nuit pour se faire plus d'argent. Alors qu'elle cherche à se mettre en valeur auprès de Rupert, son supérieur chez British Pictures, ce dernier la vire sans sentiment. Persuadée que quelque chose de louche se trame, nous la verrons alors tenter d'élucider ce mystère qui la mènera à des actions sans précédent, des actes bien plus sombres qu'une jeune femme aux apparences naïves ne pourrait le laisser penser.
Je dois avouer que j'ai mis du temps à entrer dans l'histoire. La narration, pourtant à la première personne, laisse remarquablement le lecteur à distance. Si l'on connait avec précision les réflexions de Judith et ce qu'elle pense de son entourage, une sorte d'opacité empêche à mon sens une empathie profonde et directe à son égard. L'écart entre le lecteur et la protagoniste reste permanent tout au long du récit. Au final, si ceci déroute au premier abord, on s'y fait finalement sans en être dérangé. Avec du recul, je pense sincèrement que cette distance est nécessaire et sert positivement l'histoire.
J'ai été très légèrement (pas plus) déçue de ce premier tome à cause de tout le battage médiatique qui encense cette nouvelle série. Je ne peux pas m'empêcher de m'enflammer à l'extrême lorsque je vois des critiques ultra enthousiastes et intenses à propos d'un livre, me pensant d'avance sur la même longueur d'ondes. Alors certes, j'ai mis quatre étoiles à ce livre ce qui signifie que j'ai particulièrement apprécié, mais cette fameuse cinquième étoile en moins témoigne de ma déception. La critique en fait un peu trop à mon sens puisque je n'ai pas trouvé ce thriller particulièrement choquant, tant au niveau du genre " thriller ", que du genre " érotique ". Je m'attendais à quelque chose de bien plus cru, bien plus obscène et par conséquent, il m'a paru un peu affadi par rapport à l'image que je m'en étais fait. En revanche, en faveur de l'histoire (à mon avis encore une fois), la comparaison avec Cinquante nuances est totalement impertinente, même aberrante. Ca n'a rien à voir, ça ne rentre aucunement dans la même catégorie et c'est tant mieux !
Passons à ce qui m'a plu puisqu'il faut le dire, j'ai réellement été emballée par toute l'ambiance de Maestra. Naviguer entre le domaine de l'art et celui du sexe en passant par le crime est quelque chose de nouveau, que je n'avais jamais lu jusqu'à présent.
L'art est quelque chose de primordial dans l'univers crée par LS Hilton et j'ai trouvé ce pan de l'histoire vraiment passionnant. J'ai découvert des peintres que je ne connaissais pas et la passion qui anime Judith lorsqu'elle en parle est très prononcée. On ne peut pas s'empêcher de prendre part à cette ferveur qui l'étreint. Ce thème est central puisqu'il est à l'origine du tournant que prend sa vie, l'origine et la finalité des événements qui régissent son existence en définitive.
Le sexe quant à lui est un thème exploré avec intensité, normalité et bestialité. Judith a besoin de sexe, c'est un fait. Chacune de ses actions est ponctuée de relations sexuelles décrites sans aucune pudeur, sans retenue et c'est très bien ainsi. Cela confère un réalisme à l'histoire et éjecte toute forme de mièvreries que l'on retrouve très régulièrement dans les descriptions de relations sexuelles en littérature. J'ai aimé cette simplicité.
Le crime quant à lui arrive plus tardivement dans le récit. Cependant, il n'en est que plus fort puisque plus attendu dans tout thriller. Intimement liés au sexe, les meurtres du roman sont décrits sans ornement tout en étant assez spectaculaires paradoxalement. De chaque assassinat découle une manipulation ingénieuse et une raison toujours un peu moins vitale et justifiable, aux yeux du lecteur en tout cas, ce qui ne représente pas forcément le point de vue Judith.
Il faut le dire, le personnage de Judith même s'il nous échappe parfois dans son essence la plus pure, est l'élément clé du récit. Elle provoque à la fois l'admiration et la crainte. Son évolution au fil des pages est vraiment singulière et impressionnante. Les motivations de ses actes, bien qu'expliquées à chaque fois après coup, peuvent nous apparaître comme excessives à certains moments. On finit par se demander si elle nécessite véritablement une raison pour laisser libre cours à ses nouvelles pulsions sanglantes... Par ces questionnements permanents sur son comportement, nous lecteurs, ne la trouvons que plus phénoménale et puissante.
En définitive, ce premier tome de Maestra m'inspire un mot : Marquant. C'est avec un plaisir certain et surtout, une grande curiosité, que je lirai la suite de cette série notable et innovante !