C'est l'histoire d'un canard qui... Ah non on l'a déjà faite. Bon. Alors c'est l'histoire d'un canard qui va aller sauver la Terre en se déguisant en livreur de pizza, et après c'est Chip Zdarsky et Joe Quinones qui relancent les aventures du canard le plus déjanté de tout Marvel. En même temps, est-ce que c'est pas le seul ?
J'avais bien aimé le premier numéro de la série Howard the Duck, mais je n'avais pas eu l'occasion de lire la suite. J'ai hésité à rattraper cette erreur en TPB, surtout en VF, vu que le titre repose énormément sur l'humour de Chip Zdarsky. Les traductions de Panini se sont grandement améliorées, mais pour les séries comiques, on peut trouver du bon comme du moins bon, voire de l'excellentissime quand c'est Jérémy Manesse qui s'y colle (son Deadpool est fabuleux). Là, c'est Mathieu Auverdin, et je n'ai rien eu à redire sur son travail. C'est propre, bien écrit, les jeux de mots sont bien trouvés, et on ne perd grand chose dans la traduction, donc vous pouvez y aller. En plus, le format cartonné va bien au titre, la couverture est somptueuse, et une préface efficace vous rappellera l'histoire éditoriale difficile du personnage.
Parce que oui, le titre vaut le coup. Pour rappel, c'est l'histoire d'Howard qui mène des enquêtes, et à qui on va demander de retrouver un simple collier. Ça va le mener jusque dans l'espace et des dimensions parallèles, tout ça pour finalement devoir sauver la Terre accompagnée d'une bien mystérieuse acolyte...
Le titre est loufoque et s'assume, voire bien déjanté et moqueur. Zdarsky, qui est un des mecs les plus drôles de la Terre (ses carnets d'idées par Marvel, en bas de cet article, sont toujours les idées les plus drôles du multivers), créé des situations complètement absurdes, propices aux vannes les plus bêtes, et toujours pour se moquer de ce gros loser de Spider-Man. Le voir pleurer sur son Oncle Ben ou sa Tante May toutes les cinq pages est à mourir de rire, et l'auteur ne se prive pas de taper sur le côté absurde inhérent aux comics. Entre les rencontres entre les héros qui se trouvent dans des numéros introuvables d'il y a des décennies, les artefacts magiques qu'on détruit toujours de la même manière ou le côté pompeux de certains, on en rit beaucoup, mais toujours avec de l'amour. L'auteur est relativement calme par rapport à ce qu'il peut mettre dans Sex Criminals, mais ça reste quand même un peu méchant et surtout très drôle, et ça n'a rien du titre enfantin.
L'auteur est aussi un grand sentimental, lui qui écrit un Howard paumé et déprimé, qui cherche à s'occuper comme il peut. Dernier représentant de son espèce, il est souvent triste et on s'attache à lui, ce qui donne un aspect presque touchant au titre. Bien sûr, c'est contrebalancé par une vanne bien grasse sur Spidey derrière, mais Howard est avant tout un type touchant et esseulé, qui se révèle beaucoup plus intéressant qu'on ne le pensait. L'ensemble gagne en épaisseur avec ça, et on ne reste pas dans la blague potache. Ce n'est pas un drame, mais les personnages ont un peu d'âme, et ça rend bien.
En prime, ce premier arc (le seul avant la nouvelle série post Secret Wars) a un côté "visite guidée" de l'univers Marvel, car on découvre un acolyte différent à chaque numéro. Entre Rocket Raccoon, Dr. Strange, ou Tante May (ouais, elle!), Zdarsky se permet de jouer avec des personnages qu'on n'attendait pas forcément. Comptez en plus des back-ups sympathiques entre chaque numéro, et un chapitrage clair (des couvertures entre chaque numéro), et vous aurez une lecture surprenante, touchante, et surtout hilarante.
Joe Quinones gère pour sa part bien la partie visuelle, en donnant une vraie identité à son personnage. Personne n'a mieux dessiné les canards que lui cette année, et il mérite largement son titre. C'est simple, très cartoon, et même si c'est un peu figé, on lui pardonne grâce à des pages complètement loufoques aux compositions très réussies. La page du "montage", où les personnages doivent s'entraîner pour une mission, est géniale.
Howard le Canard Tome 1
Panini Comics * Par Chip Zdarsky & Joe Quinones * 13€00
Lecteur VO comme VF, vous pouvez allez chez un dealer près de chez vous et craquer pour cette réussite. Même si c'est écrit par Chip Zdarsky, qui ferait rougir des mamans avec certaines blagues, on passe un excellent moment avec ce titre. Et n'oubliez pas: Peter Parker est nul.