A l'ère d'Internet et de l'actualité à flux tendu, on aurait presque tendance à en oublier le temps présent. Qui est en l'occurrence, pour la grande majorité de nos lecteurs (qui suivent les récits Marvel en Vf), placé sous le signe des Secret Wars. Ce mois-ci, le fascicule éponyme de Panini nous permet de découvrir les chapitres 5 et 6 du grand oeuvre de Jonathan Hickman. Avec le #5 nous comprenons mieux le rôle joué par Owen Reece, alias l'Homme Molécule, ainsi que celui des Beyonders, ces êtres tout puissant qui utilisent l'humanité et le cosmos comme terrain de jeux et d'expériences, dans ce qui peut être considéré la réécriture globale du multivers Marvel. Doom a toujours été assoiffé de pouvoir, de puissance, et quand il a face à lui des adversaires dont les capacités semblent incommensurables, sa réaction n'est pas la peur ou la fuite, mais comment siphonner cette énergie pour la faire sienne. Sa création, son Battleword, l'accepte pour souverain et Dieu (littéralement, tout semble avoir été crée par lui et pour lui) mais le grain de sable qui pourrait gripper l'engrenage, à savoir l'arrivée inopinée des membres de la Cabale (Thanos en tête), en provenance de "l'univers d'avant", et le meurtre de Stephen Strange, son seul vrai allié et ami jusque là, mettent en péril tout ce qu'il a bâti. Doom va devoir également composer avec la méfiance de sa famille, comme la jeune Valeria Richards, qui mène l'enquête de son coté.
Bref, voilà un épisode qui tente de clarifier ce qui s'est passé "avant", c'est à dire les événements qui ont amené à la composition du Battleword, tout en nous révélant les sources du pouvoir et des nouvelles capacités de Victor Von Doom pour parvenir à ses fins. C'est aussi le moment crucial où le nouveau Seigneur de la réalité se rend compte que tout ce qu'il est parvenu à mettre sur pieds menace de s'effondrer comme un château de cartes en pleine brise. Comme si Fatalis savait ne pas être à la hauteur de la tâche, en son for intérieur, et que l'inéluctabilité de la défaite était la seule issue possible à sa mégalomanie, même lorsqu'elle semble engagée dans la voie du triomphe.
Ce mois-ci nous allons donc découvrir dans les détails la source du pouvoir du seigneur de Latvérie, et comment il peut maintenir ensemble les différents territoires composites du Battleword. Le grain de sable qui grippe l'engrenage s'appelle Valeria. Elle veut savoir la vérité sur la mort du shérif Stephen Strange, et elle n'est pas loin de s'en approcher. Le numéro 6 est le moyen de se rappeler l'importance des Fantastic Four dans l'univers Marvel. Si leur série régulière est appelée à la disparition (temporaire?) il n'empêche que le quatuor est incontournable. A commencer par Reed Richards, qui fait équipe avec sa version de l'univers Ultimate, pour sauver les meubles, mais aussi Ben Grimm, porté disparu, et dont le destin est l'enjeu des dernières pages, où nous réalisons que la Chose est de retour, et que ça va très bientôt castagner. Jonathan Hickman prend son temps, peut être un peu trop, pour nous amener vers la conclusion de cette grande saga. En tous les cas, l'arme qu'il offre à la Panthère Noire (associé à Namor, car maintenant que tout a disparu de l'ancienne Terre, les haines antiques ont perdu leur sens) a de quoi bouleverser les enjeux et l'équilibre des puissances. Un peu d'humour aussi sur ce coup, avec une histoire de burger vieux de trois semaines (merci Miles Morales), et un climax qui se prépare page après page. Sans oublier un nouveau personnage (Le Prophète) qui va donner du fil à retordre à un Doom dépassé. Pour une fois Thanos et la Cabale restent assez modestes dans ces pages, même si le Titan fou semble avoir des idées bien précises sur comment tirer les ficelles et profiter des événements. Ribic est toujours aussi bon, et le climat d'irréalité préoccupante qui domine dans Secret Wars poursuit son effet. A noter que certaines planches sont minimalistes dans les fonds de case, elles ont du être expédiées très rapidement, ce qui a permis d'éponger un peu du retard qu'a pris la série en cours de réalisation. J'essaie de me mettre à la place du lecteur qui est parvenu à éviter tout spoiler majeur, et s'attend à une conclusion extraordinaire. Je dirais juste ceci : la grande force des Secret Wars, c'est de faire miroiter un conflit apocalyptique, alors que sa résolution, son dénouement, tient plus de l'ordre de l'intime, des failles personnelles, replaçant nos super-héros et super-vilains dans une dimension humaine fascinante, et qui est le gage ultime nous assurant que cette saga restera un bon bout de temps dans nos mémoires de marvélophiles.
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