Titre : Les équinoxes
Auteur et dessinateur : Pedrosa
Editions Dupuis
Collection Aire libre
Date de parution : 2015
330 pages
Quelle BD ! Dense, très dense, ambitieuse, autant du point de vue du texte, de ce qu’il véhicule que de la technique du dessin (utilisation de la couleur et des matériaux).
Au fil des quatre saisons, donc d’une année, on voit vivre plusieurs personnages qui n’ont pas de rapports entre eux, mais qui vont être amenés à se croiser, leur point commun étant leurs tourments intérieurs. Le temps qui passe, la solitude, les regrets, sont le fil conducteur de ce roman graphique tout en nuances et en fondus et la note d’espoir final pour chaque histoire (comme par exemple, la promesse d’un jour meilleur pour le jeune garçon de l’époque préhistorique) nous permet, à nous lecteurs, de ne pas aller nous jeter dans le fleuve sitôt l’objet livre refermé (j’exagère… mais il est vrai que ce n’est pas très joyeux dans l’ensemble). La dernière saison est l’été, lumineuse, celle qui permet à Camille de, enfin, lâcher prise.
Un lien ténu traverse les époques : des traces. Des vraies, des réelles, scellées dans la terre. Ne laissons-nous pas chacun des empreintes de notre passage d’une manière ou d’une autre ? Dans le cœur, à travers nos actes et nos pensées…
L’histoire de chaque personnage est évoquée, on en comprend ce qu’on peut, au gré de notre imagination et des quelques pistes suggérées. Le lecteur a fort à faire dans ce genre de texte, il doit reconstruire, assembler les morceaux du puzzle, aidé par tout ce qu’il ressent.
L’idée de la photographe qui capture des instants « volés » à des passants et qui nous livre ainsi des fragments de vie est excellente. J’ai vraiment beaucoup aimé ces passages-là.
Le gros atout de ce roman graphique est d’ailleurs la partie « littéraire », ces longs textes qui clôturent chaque saison et qui apportent ce que le dessin n’aurait pu traduire, une réflexion sur le sens de l’existence.
C’est un roman graphique qu’il faut lire et relire pour bien en comprendre les liens, les croisements, les effets. Une seule lecture ne suffit pas, c’est certain ! Un bel album !