Éditeur : Le Livre de Poche – Date de parution : 2001 [1890] – 277 pages
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Dorian Gray est un jeune homme qui possède une beauté hors du commun. Le peintre Basil Hallward en est littéralement tombé sous le charme. Depuis qu’il l’a rencontré, il semble lui vouer un véritable culte. Un jour qu’il est en train de le peindre, son ami Lord Henry débarque et fait la connaissance de Dorian Gray. Il éveille son intérêt en lui parlant de la jeunesse et de la beauté qui s’enfuient trop vite. Les paroles à l’influence machiavélique de Lord Henry remuent quelque chose aux tréfonds de son âme. Ces paroles éveillent en lui une insatiable curiosité de la vie, elles l’ont ensorcelé, ouvrant la boîte de Pandore de son âme. Après cette rencontre, Dorian Gray ne sera plus jamais le même…
Le tableau que peint Hallward lors de cette rencontre va également avoir un impact sur le jeune homme, tout juste sorti de l’adolescence. En voyant son tableau, Dorian Gray aura ces paroles, si célèbres et frappantes, ce vœux fou et démesuré : « Comme c’est triste ! Je deviendrai vieux, horrible, hideux. Mais le portrait restera toujours jeune. Il ne sera jamais plus vieux qu’il ne l’est en ce jour de juin… Si seulement c’était le contraire ! Si c’était moi qui restais toujours jeune et que ce fût le portrait qui vieillît ! Pour cela… Pour cela je donnerais n’importe quoi. Oui, il n’y a rien au monde que je ne donnerais : Je donnerais mon âme pour cela ! »
Le tableau provoque en lui une révélation éblouissante ; il se reconnaît et tombe littéralement amoureux de son image, de la jeunesse flamboyante que lui renvoie le tableau. Encore sous l’effet des paroles de Lord Henry, il devient comme fou devant ce tableau. Il dira d’ailleurs qu’il est une part de lui-même.
Une nuit, après avoir fait preuve d’une cruauté sans précédent avec sa fiancée, Dorian Gray constate avec effroi que le tableau a changé. Des rides de cruautés sont apparues sur le visage, son expression a indubitablement changé. En fait, son moi peint s’enlaidit à chaque péché. Le tableau est comme un miroir qui lui renvoie sa propre cruauté au visage… Qui lui fait prendre conscience de ses actes. Les signes du péché y côtoient les signes de l’âge. Le tableau est le reflet de son âme. Son vœux a été diaboliquement exaucé. Pour que personne ne puisse découvrir la vérité, il cache la tableau dans une pièce fermée à clé.
Ce livre est génial, au sens littéral : il y a du génie dans l’écriture d’Oscar Wilde et je me suis délectée de ses aphorismes que j’ai retrouvés page après page. C’est un roman impressionnant, dans lequel l’auteur explore les sentiments humains avec ironie et justesse, sur un ton parfois délicieusement impertinent.
Le personnage de Dorian Gray a beau être détestable, il n’en demeure pas moins fascinant. On ressent de l’aversion pour cet homme. C’est un être faible, impulsif et sa transformation tout au long du roman est stupéfiante. Les années passent et il s’adonne au plaisirs des sens, aux passions, gardant en tête les paroles de Lord Henry : « Guérir l’âme au moyen des sens, les sens au moyen de l’âme ». Il a soif de découvertes, il veut tout savoir, tout tester, tout apprendre. Mais il se lasse bien vite de tout. Cette multiplication des passions et des possessions, cette vie opulente le jour, s’accompagne d’une part obscure la nuit, lorsqu’il descend sur les quais…
Le Portrait de Dorian Gray est un livre incroyable, à la fois fascinant et horrifiant. Par moment, j’ai vraiment été saisie d’effroi et j’avais du mal à quitter ma lecture tellement j’étais emportée par l’écriture. C’est un classique incontournable, et un coup de cœur pour moi ! <3"><3"><3
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« Les mots ! Rien que des mots ! Mais qu’ils étaient donc redoutables ! Qu’ils étaient clairs, vifs et cruels ! On ne pouvait leur échapper. Et pourtant ils contenaient une magie subtile. »
« Le vrai mystère du monde, c’est le visible et non l’invisible… »
« La vie réelle n’est que chaos, mais il y a, dans l’imagination, quelque chose de terriblement logique. C’est l’imagination qui met le remords aux trousses du péché. »
« Tu peux t’imaginer que tu es en sécurité et croire que tu es fort. Mais le hasard d’une nuance de couleur dans une pièce, un ciel matinal, un certain parfum que tu as aimé jadis et qui t’apporte de subtils souvenirs, un vers d’un poème oublié que tu retrouves, une mesure tirée d’une musique que tu avais cessé de jouer… crois moi, Dorian, c’est de ce genre de choses que nos vies dépendent. »
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Livre lu dans le cadre du Challenge des 100 livres !
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