Le dernier livre de la jungle de Stephen Desberg (scénario) et Henri Reculé (illustrations) chez Le Lombard (collection Polyptique)
Comme j’ai lu Le livre de la jungle de Kipling il y a peu de temps, cette bande dessinée trouvée dans les rayons de la médiathèque m’a intriguée. J’ai eu envie de voir comment cette histoire avait pu être retranscrite dans ce genre. Après les énormes différences que j’avais découvertes entre la version du dessin animé de Disney et le récit original (article à voir ici), qu’en est-il pour cette autre adaptation ? En plus, ça va me permettre de faire une autre comparaison quand j’aurai vu le film sous peu !
Le dernier livre de la jungle est un cycle en 4 tomes. On y découvre Mowgli, âgé, malade, qui décide de revenir aux sources, dans sa jungle tant aimée, pour finir sa vie. Mais il découvre une jungle appauvrie, où les animaux ne sont plus complètement en harmonie avec la nature et ont décidé, pour la plupart, de migrer vers un ailleurs plus riche. En effet, la jungle s’est amoindrie ; les hommes la conquiert de jour en jour et laissent de moins en moins de terrain à ses habitants premiers. Dans la maison où il a décidé de passer ses derniers instants, Mowgli rencontre Vigay, un petit indien adorable et qui a soif d’écouter les aventures du vieil homme. Ce dernier se confie à Vigay et lui raconte son enfance dans la jungle qu’il a connue.
Dans le premier tome, L’homme (sorti en 2004), le vieux Mowgli raconte au petit garçon comment il est arrivé dans la jungle et a été finalement accepté par les loups et élevé par eux. On retrouve donc une adaptation de la première nouvelle du recueil de Kipling, Les frères de Mowgli. Adaptation plutôt fidèle, même si pas tout à fait complète. On y découvre les amis de Mowgli : Baloo, Baghera, mais aussi Kaa, qui ici est décrit comme un allié, alors que c’est plus ambigu dans le récit de Kipling.
Dans le second tome, La promesse (sorti en 2006), on retrouve une adaptation de la troisième nouvelle du recueil de Kipling, Au tigre ! Au tigre ! On suit donc la confrontation entre Mowgli et Sher Kan, notamment le bannissement de Mowgli de la jungle, son retour au village des hommes, son combat avec le tigre, puis son retour dans la jungle. Là encore le tout est assez fidèle. On reconnaît bien les personnages, les rôles sont bien distribués, c’est un bon montage. A la toute fin de la bande dessinée, on retrouve en quelques cases d’autres aventures de Mowgli décrites succinctement, ce qui ajoute à son histoire personnelle.
A partir du tome 3 (Le printemps, sorti en 2006), l’histoire bascule au-delà de ce que je connais personnellement des récits de Kipling. Je n’avais lu que le premier recueil, mais apparemment le second comporte des nouvelles mentionnant Mowgli. Il est donc possible que les deux derniers tomes soient également des adaptations fidèles. Si c’est le cas, cela m’a permis de découvrir la suite de l’histoire de Mowgli, sinon c’est une belle extrapolation. Dans ce troisième tome, Mowgli, ado, quitte la jungle pour aller vivre en ville. Il a du mal à s’adapter. Il tombe sous le charme de la fille (Vedra) d’une riche famille bourgeoise et va tout faire pour gagner assez d’argent et pouvoir demander sa main. Mais il est dupé par un colonisateur anglais.
Dans le tome 4, Le retour (sorti en 2007), sa conquête de Vedra continue. Mais on voit aussi Mowgli chassé de la ville et contraint de retourner dans la jungle, qu’il n’avait pas visitée depuis des années. Il y retrouve un Balooo mourant, il apprend que les loups sont partis et que Baghera est enfermé dans une cage en ville. Après avoir sauvé son dernier ami de la cruauté de l’homme, il s’enfuit avec Vedra. Il aura ensuite une vie heureuse avec elle, et plusieurs enfants. Le tome 4 se finit sur des discussions entre Vigay et Mowgli sur la mort. Le vieil homme emmène le petit garçon à l’endroit où se tentait le conseil des loups autrefois.
Au niveau du récit c’est donc une belle adaptation il me semble. C’est une très bonne façon de découvrir le vrai récit de Kipling, pour ceux qui ne sont pas très roman. Et ça permet d’avoir une meilleure idée de ce que voulait faire ressortir l’auteur, par rapport à la version de Disney.
L’idée de faire parler Mowgli en tant que vieillard, de montrer ses réflexions sur son passé et son présent est une très bonne idée également. Le tout est bien mené et permet de donner une suite et un sens à la vie de Mowgli. Cela nous ouvre aussi les yeux sur la colonisation, et l’empiétement de l’homme sur la nature, qui est rarement bon.
En revanche j’ai un peu moins accroché au niveau des illustrations. Le dessinateur a voulu, par moment, humaniser les personnages animaux. Ils ont des visages et comportements plutôt humain. Dans l’ensemble, quand il adopte cette technique, c’est bien fait. Mais il ne suit pas cette ligne directrice tout du long et c’est donc parfois gênant. Alterner entre un Sher kan quasi humain (au même titre que l’agent de Blacksad) et un Sher Kan purement peluche n’est pas très crédible. Il y a aussi quelques problèmes au niveau des mouvements ou des proportions, ce qui est aussi gênant. Mais l’histoire, qui est assez porteuse, remédie à ces couacs et fait tout de même passer un bon moment.
Le récap’
Points positifs :
- Une belle adaptation, fidèle quand il le faut, avec quelques extrapolations bienvenues.
- Une bonne façon de découvrir l’univers de Mowgli pour les ados.
Point négatif :
- Un problème de régularité et de maîtrise au niveau des illustrations, qui fait perdre un peu de son charme au tout.
Bonne lecture les loulous !