Chronique « Corps et âme »
Scénario de Walter Hill, adaptation de Matz, dessin de Jeff,
Public conseillé : tout public,
Style : Polar
Paru aux éditions « Rue de Sèvres », le 16 mars 2016, 136 pages couleurs, 19.50 euros,
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L’histoire
Manhattan, pendant la “Fashion Week”. A la fin d’un défilé hyper hype, Franck, tueur à gage pro, se rend dans la loge privé du designer ??, occupé à sniffer une ligne de coke. Quand ce dernier commence à comprendre ce que Franck lui veut, il se répand en excuse. Sans un mot, Franck sort son flingue et le butte.
Trois semaines plus tard, ??. Franck prend une chambre dans un hôtel miteux miteux en plein quartier chinois. Il reçoit la visite du parrain local ?? et de son protégé Chin Tao??. Le chinois lui demande d’éliminer son rival, Mr Chow, qui a la fâcheuse envie de le prendre sa place. Le tarif est le double de l’habitude et Franck ne crache pas dessus, mais il doit attendre une semaine que Mister Chow revienne de ??… D’ici-là, il passe son temps en vidant des verres et en sautant une jeune femme de passage…
Ce que j’en pense
Les éditions “Rue de Sèvres” signent de nouveau le trio Walter Hill (scénario) / Matz (adaptation) et Jef (dessin) après le très chouette “Balles perdues”, un polar bien noir, adapté d’après un scénario de Walter Hill.
Cette fois-ci, le concept va beaucoup plus loin, car il s’agit d’un scénario original du réalisateur / scénariste américain (“48 heures”, / “double détende” / “Wild Bill” / “Du plomb dans la tête” / “Alien” / “Guet-apen” / “Sans retour”), qui se décline en deux adaptations simultanées : une version BD et une version film ! Osé comme principe !
Coté scénario, “Corps et âme” démarre façon “polar noir” (très noir), “flingueux” et “taiseux”, sauce “Hard Boiled” !
Le “Bad Boy” Frank est un tueur à gage. Il ne parle pas, mais exécute froidement (et proprement) ses contrats. Rien de bien nouveau sous le soleil, excepté un changement de ton qui bascule brutalement au quart de l’album…
Au sortir d’une longue détention, Frank se réveille dans le corps d’une femme, une somptueuse pépé ! Il ne s’agit pas d’un postulat fantastique (quoique…), car le principe est justifié par une chirurgie plastique extrême. Pourquoi cette transformation ? Comment va réagir ce tueur brut de décoffrage ? C’est tout l’intérêt de l’album.
Superbe fille, mais vrai flingueur, Frank ne s’en laisse pas conter et remonte la pente, tout en dézinguant à tout va les salops qui lui ont fait ça !!!
Entre scènes d’actions, érotisme et questions métaphysiques (pas trop quand même), cette histoire qui aurait pu être une comédie de Blake Edward (regarder “Dans la peau d’une blonde”), est traitée avec un premier degré très terre-à-terre.
Difficile de dire quelle est la part d’adaptation et de création dans cet album (il faudra attendre le film pour se faire une idée), mais Matz assure un scénario et des dialogues efficaces et une lisibilité maximale. Gros flinguages, ambiance moite et quelques scènes de sexe, on ne va pas bouder son plaisir…
Au dessin, Jef, dont j’adore le dessin très “cinématographique”, est parfait. Grandes cases immersives et mise en scène pointus, ça se laisse lire avec un grand plaisir. Non, je ne parle pas seulement des courbes de Frank-féminin, mais des cases simples et très dynamiques.
La couleur directe est complété par quelques ajouts de photoshop, qui “ambiancent” encore plus fortement l’ensemble. Gris colorés verts et bleus, rouges pétards, le visuel est frappant !
Pour résumer, vous avez envie de se lire un bon vieux polar noir en BD, mais avec une touche décalée ? Ca tombe bien. Walter Hill, Matz et Jef vous invitent à suivre un “Dur à cuire”, avec une plastique de femme. Brutal, érotique, et Punk !