Laure Murat : Flaubert à la Motte-Picquet

Par Lebouquineur @LBouquineur

Laure Murat, née en 1967 à Paris, est une historienne et écrivain française. Son champ d'études s'étend à l'histoire de la culture, l'histoire de la psychiatrie, les études de genre. Elle est actuellement professeure au « Département d'études françaises et francophones » de l'université de Californie à Los Angeles (UCLA).

Flaubert à la Motte-Picquet, paru à l’automne dernier, est un très court essai sous forme de récit, consacré aux livres lus par les usagers du métro. En moins de cent pages Laure Murat ne peut pas nous offrir une analyse extrêmement pointue mais elle réussit parfaitement à ouvrir des pistes de réflexions diverses, livrer quelques informations instructives en quelques mots ou phrases et tout du long, nous faire sourire et même – mais ce n’est qu’une impression personnelle – se peindre en creux, à savoir qu’elle doit être une femme énergique et possédant son petit caractère, comme on dit…

Laure Murat a donc sillonné le réseau métropolitain parisien durant plusieurs mois pour des raisons professionnelles, en profitant pour noter dans un calepin, les livres que lisaient les gens pour en tirer une synthèse : le lectorat est majoritairement féminin, il lit des romans et surtout étrangers.

On sourit à imaginer l’auteure se tortiller sur son siège pour découvrir ce que lit son voisin, on tique un peu d’étonnement parfois (la religieuse ou la rencontre avec François Bégaudeau), n’est-ce pas une astuce pour mieux servir son propos ? On s’étonne aussi de cette attaque en règle et incongrue sur David Foenkinos ou ses propos mi-figue mi-raisin sur Eric-Emmanuel Schmitt, mais d’un autre côté je n’ai rien contre un peu de méchanceté gratuite envers les écrivains établis, ça nous change un peu des discours lénifiants. On peut aussi ne pas être d’accord avec elle sur tout (le livre numérique) mais se réjouir à la lecture du chapitre sur les livres de poche qui « ne rentrent dans aucune poche » ! Enfin on s’instruit, du moins je m’instruis en apprenant que les lignes de métro 2 et 6 reproduisent « sous terre, le tracé du mur des fermiers généraux, élevé à partir de 1784 ».

Bon j’arrête là, vous le voyez, un bouquin minuscule en pagination mais délectable à lire et plein de petites choses très intéressantes ou demandant à être développées. Un livre idéal pour la lecture dans le métro et qui plus est, n’en déplaise à l’auteure, dans un format permettant de le glisser dans une poche (j’ai essayé, il rentre dans la poche arrière de mon jean !).