Les jonquilles de Green Park de Jérôme Attal aux éditions Robert Laffont
Tommy vit à Londres avec ses parents et sa sœur. Il passe ses journées à l’école ou à traîner avec ses copains. Il collectionne les timbres et se régale des aventures de ses super-héros favoris. Une enfance ordinaire.
Transposons maintenant cette histoire dans le Londres de 1940.
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Tommy vit à Londres avec ses parents et sa sœur. Il passe ses journées à l’école ou à traîner avec ses copains. Mais tout cela se passe sous la menace des tapis de bombes déversés sur la capitale anglaise par les Jerries (nos boches à nous).
La population londonienne vit dans la peur constante. Les enfants résistent grâce à leur amitié, grâce au super héros qu’ils espèrent voir intervenir. L’un d’entre eux n’est autre que Churchill amicalement cité par son prénom, Winston. Lui n’a pas de cape, ne vole pas mais il fait partie de leur panthéon.
Les parents de Tommy font ce qu’ils peuvent pour préserver leurs enfants en ces temps difficiles. La famille est tenue à bout de bras par la mère. Elle travaille dans une usine qui produit des ampoules. Le père, lui, est un doux rêveur, un mélange de Géo Trouvetout et de professeur Tournesol. Il travaille à ses inventions. Ces parents aimants n’ont de cesse de cultiver l’espoir dans le cœur de leurs enfants.
« N’empêche, aux nihilistes, je ne comprends rien. Maman affirme que même si demain à cause des Jerries il arrive qu’on n’ait plus de confiture à poser sur la table pour le petit déjeuner, et bien on se fera pas pour autant des tartines de néant, mais on tartinera nos toasts avec le souvenir de la confiture ou mieux encore, avec la promesse de son retour. »
Jérôme Attal nous entraîne dans les pas de Tommy dans un Londres dévasté, en ruines. Un Londres ou pour retrouver son chemin dans la fumée et la poussière, on doit compter les cratères laissés par les bombes. Mais Tommy et ses amis résistent au désespoir par la force de leur amitié, même s’ils sont victimes de quelques bullies, ces brutes épaisses qui estiment que la raison de plus fort est toujours la meilleure.
Tommy dispose aussi d’une autre arme : l’écriture. Tous les soirs il résume sa journée sur le papier. Deux colonnes, une pour le positif, une pour le négatif. Quand il sera grand il écrira des histoires de super héros.
« Le crayon, c’était mon couteau de l’armée suisse à moi. Pour venir à bout, entailler ou ouvrir, un moment précis. Et laisser son passage dans l’écorce des jours. »
L’enfance, c’est le temps des premières amours. Tommy a le cœur qui bat la chamade pour Mila, la sœur d’un de ses tortionnaires. C’est avec elle qu’il veut aller en avril, voir les jonquilles à Green Park.
« Si la guerre doit durer une éternité, je voudrais juste pouvoir vivre jusqu’au mois d’avril. Pour voir, une fois encore, les jonquilles de Green Park. Elles tiennent ensemble, chaque saison. Belles et fières dans le vent puissant et douloureux d’avril. Comme nous autres en ce moment.’
Les jonquilles de Green Park nous montre la vie en temps de guerre. La population, les enfants, résistent par la solidarité, par l’entraide, par l’amitié. C’est ce que nous décrit ce roman faussement naïf. Si Jérôme Attal excelle dans l’exercice qui consiste à nous parler de choses graves sur un ton presque badin, c’est qu’il a su garder la poésie et la fantaisie de l’enfance. Il signe encore une fois un petit bijou de tendresse, de fantaisie et d’émotion. Qu’il ne grandisse surtout pas, c’est comme ça qu’on l’aime.