- Pour vous faire peur : La dame blanche, au Théâtre du Palais Royal
Cette représentation présente toutefois la particularité de ne pas respecter la règle du "quatrième mur" propre au théâtre : les acteurs interpellent le public, sillonnent entre les rangs, se mêlent aux spectateurs surpris, et le ton est donné dès que l'on entre dans la salle, lorsque des figures inquiétantes se mettent à roder et à se rapprocher dangereusement d'un public mi-craintif, mi-amusé.
Seul bémol : la fin de la pièce est malheureusement irrecevable et décrédibilise l'intrigue dans son ensemble, faisant fi de toute forme de morale, en privilégiant une clôture gentillette qui m'a laissée abasourdie.Le spectacle est programmé jusqu'en juin.
- Pour rire : Les 39 marches, au Palace.
Les acteurs sont époustouflants (avec une mention spéciale pour les deux rôles "secondaires", qui brillent quel que soit le costume enfilé), les blagues s'enchaînent, évidemment, à ce rythme, toutes ne font pas mouche, mais la plupart sont hilarantes (mon penchant potache a été comblé).
Côté scénario, tout se tient, et certains passages à l'occasion desquels les acteurs sortent volontairement de leur rôle, cassant ainsi la distance habituelle entre la scène et le public, sont très réussis. Vous pouvez applaudir la troupe jusqu'à fin mai, rue du Faubourg Montmartre.
- Pour pécho : Roméo et Juliette, à l'Opéra Bastille
Roméo et Juliette appartient au panthéon des ballets incontournables, d'après la pièce de Shakespeare, chorégraphie de Noureev et musique de Prokofiev, on sait d'entrée que l'on a affaire à l'artillerie lourde.
Costumes somptueux, décors classiques mais raffinés, la mise en scène m'a également convaincue, parvenant même à réaliser des projections futures de manière compréhensible (lorsque le prêtre fournit à Juliette un poison dont l'effet doit se dissiper dans le temps pour lui permettre de feindre la mort aux yeux de sa famille), et les danseurs excellent à exprimer toute la palette des émotions extrêmes dont regorge la pièce.
Les trois heures (entrecoupées de deux entractes) passent sans nous laisser le temps de nous en rendre compte, trop occupés à nous émerveiller du ballet, et les airs entêtants restent en tête bien après la fin de la représentation.
C'est follement romantique, mais faites vite, les représentations sont prévues jusqu'au 16 avril seulement.
- Pour vous frustrer : Le trouvère, à l'Opéra Bastille
Je crains de ne me voir reproduire cette expérience douloureuse en vous parlant du Trouvère, puisque les représentations sont terminées depuis le 15 mars...Si la musique de Verdi exalte comme on peut s'y attendre, la mise en scène m'a laissée fort sceptique (des blocs tractés en permanence, que l'on soulève du sol et que l'on replace ensuite, creusant des tombes à l'envi, je vous dis pas l'ambiance), sans parler du livret, qui présente des passages tout à fait de nature à incarner le stéréotype de l'opéra presque bouffe, loin donc du tragique de Verdi ("Va, le temps presse, la mort se dresse" entrecoupé de lancinants "Je me souviens de ma montagne", la bohémienne perd un peu la boule à ce stade, il faut dire...).Une certaine réserve donc sur cet opéra auquel j'ai préféré, du même compositeur, Aida, mais qui se hisse néanmoins devant Falstaff. J'ai prévu d'aller voir cette année Rigoletto et La Traviata, je vous en dirai plus dans les mois à venir...
Bons spectacles à tous!