Frédéric Jaccaud, né à Lausanne en 1977, est un écrivain suisse. Titulaire d’une licence ès Lettres, il publie régulièrement des articles critiques sur les littératures de genre dans différentes revues et a tenu une chronique régulière sur des œuvres oubliées traitant de voyages imaginaires, d’utopies et de science-fiction. Quatrième roman de l’auteur, Exil vient tout juste de paraître.
Le narrateur, dont on ne sait pas le nom, a fricoté dans l’informatique naissante dans la Silicon Valley mais aujourd’hui, après diverses galères, il est chauffeur pour une boite d’escort-girls. Un soir, l’une des filles vient mourir dans sa voiture, lui laissant en héritage une mystérieuse carte magnétique et des types pas vraiment aimables à ses trousses qui l’obligent à fuir vers la frontière canadienne.
C’est en gros, le premier des quatre chapitres de ce roman et ça débute plutôt bien, classique certes mais on remarque particulièrement le travail d’écriture de l’écrivain, encore que, peut-être trop appuyée, ce qui loin de m’impressionner m’inquiète plutôt. La suite du roman va me tirer des grimaces tout du long. Le polar classique se mue en une sorte de parodie/hommage des œuvres de William Burroughs, Philip K. Dick et Maurice G. Dantec. Or, si les uns et les autres ont des qualités, la somme de ces parties ne donne pas ce qu’on pourrait en espérer. En tout cas pas ici.
Notre narrateur se retrouve embringué dans une abracadabrante histoire de codes secrets que des poursuivants de toutes sortes voudraient le voir traduire, de complots menés par des puissants, d’une société secrète de femmes… blablabla… Tout ceci est charmant quand c’est bien torché mais là, nous sommes dans le mou et le flou (Comme dans un film de Godard ? Un autre Suisse, tiens !), la crédibilité scénaristique est oubliée depuis longtemps et le lecteur ne sait plus trop à quoi se rattraper. Nombreux abandonneront ; si je ne l’ai pas fait c’est que le précédent roman de l’écrivain, Hécate, m’avait fort emballé et que j’attendais beaucoup de celui-ci.
La fin du bouquin, comme l’auraient voulu ses illustres inspirateurs, nous laisse dans la perplexité, tout cela n’était-il qu’un délire paranoïaque du narrateur, une métaphore sur le passage de l’enfance à l’âge adulte quand nous perdons le sens du merveilleux et du réel ? Et nous restons songeur quand deux personnages déclarent : « Nous avons lu les mêmes livres et nous partageons les mêmes références. (…) Votre esprit est confronté au doute perpétuel. Vous affrontez une déception perpétuelle. (…) Votre échec implique le nôtre. » Frédéric Jaccaud s’adresse-t-il directement à son lecteur, car oui je connais ces bouquins, oui, j’ai été déçu tout du long de ma lecture et oui, j’en conclus que l’écrivain a raté son but.
Je lirai néanmoins le prochain roman de l’auteur car à cette heure je suis partagé, un bon et un mauvais réclament un troisième avis pour conclure.