Retour à Little Wing est une histoire d'amis d'enfance dans un petit trou perdu du Wisconsin qui se connaissent depuis toujours : Hank, père de famille idéal qui a du mal à joindre les deux bouts avec la ferme ; Kip, ex-courtier en bourse qui est revenu après son mariage dans sa ville natale pour acheter la vieille fabrique du coin ; Lee le musicien adulé et célèbre qui après ses tournées s'évade en revenant dans son patelin ; et Ronny, ancienne légende du rodéo et ancien alcoolique. Tour à tour, les quatre copains vont passer sur le gril et livrer leurs sentiments et leurs visions de la vie grâce à l'alternance des points de vue. Et c'est beau mes chatons, c'est beau.
Si les quatre hommes sont très différents, ils ont eu envie, un jour ou l'autre, de partir de Little Wing et éprouvé le besoin de mettre de la distance entre eux. Mais, ils peuvent se séparer autant qu'ils veulent, Hank, Kip, Lee et Ronny sont rattachés à ce patelin et à leur amitié comme un fil invisible. Telle est la force presque surnaturelle du microcosme que représente Little Wing et leurs racines. Nickolas Butler évoque ici avec son roman le pouvoir du retour aux sources, qu'on soit une rock star ou un fermier, ce besoin presque vital de savoir qui on est et où est notre place. L'intérêt du roman repose sur cette amitié et les hauts et les bas qu'elle rencontre au fil du récit. Mais c'est surtout le talent de l'auteur pour nous broder de véritables tableaux de leur vie qui nous prend aux tripes et qui nous rappelle ce qu'est que de boire une bière, fumer un joint ou tout simplement regarder un coucher de soleil avec sa bande de potos.
J'irai même jusqu'à dire que Retour à Little Wing est un plaidoyer de l'auteur pour la vie à la campagne. Si la vie citadine est attractive pour ce qu'elle propose en terme de divertissement, de travail, de relation, il lui manque quand même cette bonne vieille chaleur humaine (parfois étouffante), cette simplicité de vivre et cette façon d'apprécier les petits riens de l'existence. Car, si on est un grain de sable dans une ville comme New-York ou Paris, on est quelqu'un dans un village de 1 000 habitants.
Ce " petit " roman m'a fait un bien fou. Déjà parce que depuis le début du mois, je suis sur deux grosses lectures, deux gros pavés, qui me prennent pas mal de temps à tel point que j'ai bien eu envie de prendre l'air du Wisconsin pour respirer un coup. Et puis, le roman qui pose la question de ce qu'est l'amitié, avec ses limites et ses doutes, a rencontré chez moi un écho intéressant dans ma vie actuelle.
Avec son roman, Nickolas Butler gagne le coeur et l'esprit de ses lecteurs et va même donner terriblement envie d'aller se perdre dans le Wisconsin, bottes de cuir au pied et veste en jean doublée de laine de mouton sur les épaules. Oh yeah !
Parce que ça en devient presque une habitude, j'ai envie de vous laisser avec ce Simple Man de Graham Nash que j'ai eu en tête pendant toute la lecture. Ne me remerciez pas, je sais que j'ai déjà votre reconnaissance éternelle. Comment ça non ?