Rien ne s’oppose à la nuit de Delphine de Vigan


nuit

Titre : Rien ne s’oppose à la nuit

Auteur : Delphine de Vigan

Éditeur : JC Lattès

Date de parution : août 2011

440 pages

J’ai beaucoup hésité avant d’écrire une bafouille sur cette lecture. Ce roman qui n’en est pas un mais un peu quand même, a déclenché une foule d’avis positifs alors qu’il n’a cessé de m’interroger. Comment pouvais-je me démarquer et surtout traduire en mots les différents sentiments ressentis au fur et à mesure de ma lecture ?

A qui ce livre fait-il du bien ? Qu’apporte-t-il au lecteur lambda ? Ne peut-on pas écrire sur sa famille, évoquer des choses personnelles à travers un vrai roman, sous le couvert de personnages fictifs (on sait bien que la plupart des auteurs mettent beaucoup d’eux dans leurs écrits) ?

Delphine de Vigan ne nous prend pas en traître, elle est très claire, elle écrit sa mère, pour elle, pour tenter de comprendre. Au lecteur de subir ou pas ce déballage personnel.

Mes sentiments sont très mitigés. J’ai apprécié la première partie du livre, celle qui tenait plus du roman que de l’autobiographie, celle consacrée à la jeunesse de la mère. L’auteure s’est appuyée sur les témoignages de ses oncles et tantes, sur les écrits de sa mère, mais surtout, elle ne l’a pas vécue et c’est pour cette raison qu’elle est, à mon sens, la meilleure partie du livre. Delphine de Vigan a mis en œuvre tous ses talents d’écrivain, le style est fluide, elle a l’art de la formule, elle raconte bien. Elle a été tout à fait capable de recréer l’ambiance d’une époque, les années cinquante sont parfaitement décrites et j’ai aimé participer à la vie trépidante de cette famille atypique. Sans ses allusions à sa démarche littéraire, on aurait pu croire lire un roman.

Et puis, la mère devient adulte, a ses propres enfants et là, l’auteure est le témoin bien vivant de sa déchéance. A partir de là, mon intérêt pour l’histoire n’a fait que ralentir. Le style m’a paru moins « romancé », on n’évite pas les répétitions, ça devient haché, oppressant, il n’y a plus aucun effort pour enjoliver, envelopper le texte et j’étais bien souvent au bord de la nausée. J’ai failli abandonner plus d’une fois, j’avais l’impression d’agir en voyeuse, voyeuse d’une situation qui m’indisposait et qui m’intéressait de moins en moins. Alors, bien sûr, Delphine de Vigan a heureusement « une plume », ce qui fait que je n’ai pas baissé complètement les bras, mais j’ai soufflé, tempêté, râlé, je me suis agacée et puis j’ai trouvé que plus on avançait dans le temps, moins la « plume » devenait alerte, plus elle devenait plate, vide, creuse.

L’autobiographie ne sert que si elle a une portée universelle. Je la cherche ici. Je me suis retrouvée dans une époque, certaines descriptions m’ont rappelé des épisodes de ma jeunesse, j’ai connu aussi les non-dits familiaux, les secrets qu’on étouffe, les morts et les malheurs, comme tout un chacun, certains passages ont donc fait écho à quelque chose de personnel mais… à qui ce genre de texte s’adresse-t-il ? Je n’ai pas de réponse, il faut croire qu’il trouve son lectorat, étant donné sa notoriété, quant à moi, je reste sceptique.

Je ne pense pas que je lirai d’autres textes de cette auteure, elle n’a visiblement écrit que sur elle, sur sa famille et je ne souhaite plus être immergée là-dedans.

Il faut que je trouve très vite un vrai roman, bien fictif, qui me permette de retrouver le plaisir d’être embarquée dans une histoire, bien construite et bien écrite.