Et Cassidy pendant ce temps là? Le voici en solo, dans un numéro spécial intitulé Du sang et du whisky. Le pauvre bougre étant un vampire, et donc immortel (ou presque), la solitude finit par lui peser. Voici qu'il rencontre enfin un de se semblables, dotés des mêmes facultés, mais complètement différent pour ce qui est du caractère. Eccarius est pompeux, se complaît dans sa situation et les stéréotypes qui y sont liés, et il est devenu une sorte de gourou pour un club de jeunes désoeuvrés qui jouent à sa faire peur et à adorer les ténèbres, dans un mélange pervers d'imagerie sado-masochiste et gothique. Une bonne grosse tranche de rires avec des losers patentés, qui vont se faire remonter les bretelles par un Cassidy plus nature et sarcastique que jamais. Un récit qui joue à fond, et bien, la carte de l'humour, pour ensuite évoluer dans les dernières pages en une farce tragi-comique, de la laquelle on sort avec encore plus d'admiration pour notre irlandais buveur de sang. A signaler que la cover originale de Glenn Fabry a été utilisée par Urban pour illustrer ce troisième tome. Les auteurs sont bien surs Ennis et Dillon, les mêmes qui sont aux commandes de la série régulière du Preacher, sur laquelle nous nous penchons enfin. Six épisodes de plus, qui approfondissent en particulier la relation existante entre les trois amis que sont Jesse Custer, Cassidy et la blonde Tulip. On pourrait les croire unis et prêts à faire face à tout, mais voilà, il suffit d'un soir de beuverie et d'une confidence déplacée, et le maise peut s'installer. Cassidy pourrait-il trahir Jesse, un triangle amoureux risquerait-il de tout briser? Une question épineuse, qui affleure et menace de tout mettre en danger, cela alors que l'inénarrable Tête de Fion refait surface, décidé à se venger des meurtriers de son père. Décidé, mais pas trop. Le pauvre bougre et plus pathétique que méchant, et il va encore bien vous faire rire dans ces pages du Tome 3. D'autres pistes narratives nous accompagnent jusque là Nouvelle-Orléans, où notre Preacher va se soumettre à une expérience vaudou pour en savoir plus sur l'esprit diabolique qu'il héberge, et ramène en scène les Enfants du Sang (la secte gothique évoquée dans le one-shot précédemment décrit) qui frustrés de ne pas avoir été changé en créatures de la nuit par notre vampire préféré, ont l'intention de prendre ce qui leur revient, sans trop demander. La série est toujours aussi déjantée, iconoclaste, provocatrice, avec un Steve Dillon qui assume tout à fait la direction artistique choisie. Ce n'est pas le maître absolue du dessin panoramique ou le prince des fonds de case ultra réalistes et précises, mais il parvient à donner du corps et de l'âme aux expressions faciales des personnages, qu'il suit souvent de très près, exacerbant le coté "comédie humaine" de Preacher, une des grandes qualités de ce titre ravageur.
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