" Péchés capitaux "
HARRISON Jim
(Flammarion)
Une suite à " Grand Maître ". Avec son vieux flic retraité qui ne peut s'empêcher de mettre son nez de limier là où il ne le faut pas. Dans le nord du Michigan où l'attendent un modeste chalet et des rivières à truites. Mais dans l'environnement desquels vit une tribu singulière, les Ames, qui règle tous ses différends en usant de l'artillerie légère et, accessoirement, du poison. Sunderson, le vieux flic, succombe à la luxure, (un péché capital qui lui fut révélé en sa prime jeunesse) en la compagnie de deux jouvencelles issues de la dite tribu. Un péché capital parmi d'autres puisque le Farfouilleur passionné d'alléchantes rondeurs consomme de manière parfois immodérée certain whisky canadien. Diane, son ex-épouse, n'est jamais très loin. Tout comme Mona, leur fille adoptive. Prêtes, l'une et l'autre, et si le besoin s'en ressent, à l'aider à s'extraire d'un éventuel bourbier.
Le Lecture résume à très grands traits. L'univers littéraire de Jim Harrison lui est familier. Il ne s'est donc pas égaré parmi les sentiers sinueux que l'Ecrivain a tenté de lui faire emprunter. Il s'est contenté de le suivre à la trace, sans jamais le perdre de vue. En particulier sur les rives des torrents et des lacs où pullulent les truites. Mais surtout en partageant avec lui une haine de tous les instants contre l'hypocrisie. Celle dont se parent les églises et leurs évangiles qui n'ont point introduit la violence parmi les péchés capitaux, qui n'ont pas fait de la violence le premier et le plus abominable de tous ces péchés.
" ... l'historien amateur qu'il était savait qu'on peut à peine tourner une page sans découvrir une nouvelle atrocité. Il était surtout devenu inspecteur de police pour diminuer l'horreur. Marion, expert indiscutable des guerres indiennes, faisait souvent remarquer qu'il s'agissait plutôt de massacres que de guerres. Notre conquête du continent ressemblait étrangement à celle de l'Allemagne nazie. Les soldats américains dirigeaient leurs fusils près du sol dans les tentes pour s'assurer de tuer toutes les femmes et les enfants, et pas seulement les guerriers. Les journalistes de la Côte Est imposèrent un mot d'ordre : " Tuons-les tous, et que Dieu sépare le bon grain de l'ivraie. " Sunderson trouva bientôt toute lecture sur ce sujet insupportable, en partie parce qu'à Munising, il avait grandi avec de nombreux Indiens, si bien que les morts des livres avaient pour lui un visage humain. "