The Color Purple, d’Alice Walker

Par Deslivresetlesmots @delivrezlesmots

Titre : The Color Purple (La couleur pourpre)
Auteure : Alice Walker
Date de publication : 1982
Édition : Mariner Books
Pages : 300
ISBN : 978-0156028356
Synopsis : Abusée, engrossée deux fois par son père, le cauchemar de Celie, quatorze ans, ne fait que commencer. Elle est vite mariée à Albert, qui cherche une domestique plus qu’une épouse… Dans ce ménage improbable, le mépris du mari va de pair avec les coups. Nettie, sa jeune sœur qui s’est installée avec eux, est chassée par Albert pour avoir refusé ses avances et réussit à partir pour l’Afrique. Ne sachant pas où joindre sa sœur, Celie commence pourtant une correspondance avec celle-ci, et adresse ses lettres à ce « cher bon Dieu ». Même sans retour de courrier, c’est la seule solution que trouve Célie pour ne pas sombrer dans la folie. Elle se raconte, sans misérabilisme, décrivant le cauchemar de la violence et de l’isolement mais aussi l’espoir qui naîtra de sa rencontre avec la sensuelle Shug Avery, auprès de qui Celie apprivoisera son corps, apprendra l’estime de soi et connaîtra l’amour.

Avis : ★★★★★

Ce livre faisait partie du club de lecture féministe d’Emma Watson sur Goodreads pour le mois de février, et même si je ne participe pas activement au club et que je ne lis pas forcément les livres en même temps que les autres (pour pouvoir avancer dans mes autres lectures), je prends bonne note des titres en question et quand l’occasion se présentera, je les lirai. Je suis bien sûr très touchée par le féminisme et j’aimerai donc m’éduquer un peu plus à ce sujet, c’est pourquoi j’apprécie particulièrement la démarche d’Emma.

But I don’t know how to fight. All I know how to do is stay alive.

J’ai essayé de ne pas trop réfléchir avant de commencer la lecture parce que le sujet est tellement dur que j’étais certaine de ne jamais commencer si je m’attardais trop. Mais je ne regrette pas. Le panel d’émotions qu’on traverse à la lecture de The Color Purple est impressionnant : dégoût, colère, tristesse, effarement… Pourtant, bien que le roman soit raconté à la première personne, les actions sont décrites sans pathos par Celie. C’est un équilibre bien trouvé entre une description très factuelle des événements, et une subjectivité totale. Ainsi, on parvient à ressentir les émotions de Celie sans qu’elle nous le dise mais simplement en nous montrant ce qu’elle a vécu, ce qu’elle vit, de sortes que nous ressentions nous même l’événement. Il me semble que cela donne une authenticité au récit, une impression de réalisme à la fois terrifiante et très bien faite.

Cela permet un attachement aux personnages assez fulgurant et malgré l’horreur de certains passages, c’est difficile de lâcher le livre tant qu’on ne sait pas où en sont les personnages. On a envie que Celie se débarrasse de ses abuseurs, qu’elle parvienne à être en sécurité… Shug Avery est celle qui lui apporte, petit à petit, ce sentiment. Cela n’a rien d’une mission de sauvetage, mais simplement en étant proche de Celie, en l’écoutant, elle parvient à lui redonner confiance en elle et c’est très beau. Shug a également du poids auprès d’Albert, le mari de Celie, ce qui lui permet de la protéger des coups, pour un temps.

Anyhow, I say, the God I been praying and writing to is a man. And act just like all the other mens I know. Trifling, forgetful and lowdown.

Avec ce roman, Alice Walker parvient à donner une image terrifiante du racisme dont les Africains-Américains sont victimes, de la part des blancs, mais aussi des noirs Africains finalement sur certains points. Tout cela ancré dans une culture sexiste où la femme n’a que très rarement son mot à dire, sans qu’on lui assène des coups par la suite… Je conseille sans aucun doute, la lecture de ce livre, si les sujets abordés ne sont pas des triggers ou déclencheurs pour vous. C’est définitivement une lecture qui reste avec nous et qui nous marque.


Classé dans:Challenge Voix d'auteures 2016, Chroniques, Littérature étrangère, Romans