Ah les amis... Un bail que ce billet attendait son heure (ou plus exactement l'heure de sortie officielle du roman). Entre temps, j'ai eu l'immense joie de rencontrer Olivier Norek à Lens, et de le traiter d'enfoiré. Mais je tiens à vous rassurer : c'était dit gentiment et tout à fait justifié
Je vous explique...
Souvenez-vous de mon toc qui m'oblige normalement à lire les séries dans l'ordre. Souvenez-vous que j'avais mis tous mes principes au placard, il y a quelques mois, pour lire Territoires. Que j'avais adoré (et le mot est faible) Coste et son équipe, et que je me réjouissais de les retrouver. Or, dès les premières pages de Surtensions (et je ne prends pas trop de risques de vous spoiler, parce que c'est vraiment dans les toutes premières pages), on apprend qu'un drame va les frapper. Autant vous dire que, pour moi, c'était hyper tendu, d'autant que, passé ce prologue, l'auteur nous embarque dans une toute autre histoire.
La première partie du roman se passe en effet en milieu carcéral, bien loin de Coste, mais avec cette fois encore des scènes qui, d'entrée de jeu, se révèlent très réalistes et très fortes. Un thème différent donc mais extrêmement bien dépeint. Et ma foi... tout cela n'est guère rassurant. L'occasion de faire passer quelques messages sur le système carcéral, son manque de moyens, ses failles. Olivier Norek décrit un milieu violent, corrompu, dont le petit délinquant sans envergure n'a aucune chance de sortir indemne. Ce petit délinquant, c'est Nunzio, incarcéré après un braquage de bijouterie, et qui ne fait clairement pas le poids face à ses compagnons de cellule, malgré le soutien de sa famille et de son avocat, magouilleur sur les bords.
Ce n'est que dans la seconde partie, avec une intrigue totalement différente, qu'on retrouve Coste et ses collègues. Et avec quel bonheur ! Oui, décidément, j'adore cette équipe. Elle fonctionne toujours aussi bien, avec toujours beaucoup de naturel (je pense au côté oral des dialogues, pas du tout surjoué, contrairement à ce qu'on lit parfois, et aux répliques rythmées, qui "claquent") et surtout des personnages très humains (Olivier, si tu me lis : la scène de la piscine m'a filé la chair de poule). Leur barbecue dans le jardin ne trompe pas : ceux-là forment plus qu'une équipe, presqu'une famille (et le lecteur de se crisper encore un peu plus en se demandant qui, et comment, et pourquoi).
Plusieurs intrigues, donc, mais qui finissent par se rejoindre, ou plutôt par se tisser. Tout s'emboîte, tout s'enchaîne, c'est bien ficelé, et une fois de plus c'est nerveux, rythmé, sans le moindre temps mort. Et pendant que ses personnages tentent de s'en sortir, de ramasser les morceaux pour les recoller tant bien que mal, on sent que l'auteur s'amuse, autant avec eux qu'avec nous. Parce que oui, c'est noir, violent, interpellant (mais sans jamais tomber dans la violence gratuite et glauque) mais c'est parsemé de petits clins d'oeil que les lecteurs de polar prendront plaisir à relever (et qui leur feront voir un certain auteur d'un autre oeil...). Mais aussi parce qu'il a magistralement joué avec nos pieds, ou du moins avec les miens. Un enfoiré, vous disais-je. Mais un enfoiré au talent indéniable, qui montre une fois encore qu'il mérite de figurer en très bonne place dans le monde du polar.
Surtensions est un roman qui porte bien son titre : la tension est palpable d'un bout à l'autre, et on dévore les pages jusqu'aux petites heures. Je me suis mentalement rongé les ongles, j'ai ouvert de grands yeux, j'ai souri, j'ai arrêté de respirer, j'ai fait des petits bonds (en le maudissant intérieurement) quand j'ai cru que..., j'ai pris une claque un peu plus tard, j'ai voulu en filer une moi-même, bref, je crois qu'on peut dire que j'ai pris mon pied. Un seul regret : savoir qu'on ne retrouvera plus Victor Coste, puisque son auteur souhaite passer à autre chose. Mais vite, alors !
Merci à Olivier Norek pour cette lecture en apnée, et pour la super dédicace que je garde précieusement !