Cela fait désormais une semaine que le film est sorti, et vous l'aurez remarqué en lisant les critiques assassines qui ont fleuri un peu partout, Batman v Superman ne semble pas avoir la cote auprès des spectateurs. Certes les chiffres d'entrée du premier weekend sont très satisfaisants, mais on enregistre déjà une baisse significative de la fréquentation et les premiers retours chez les lecteurs de comics n'ont rien de très enthousiasmant. Prenant notre courage à deux mains, nous sommes nous aussi allés voir le film. Que dire sur les 2h30 que dure ce long-métrage? Nous avons vaguement souri durant 27 secondes, alors que les 2 heures 29 minutes et 33 secondes restantes sont consacrées à la baston, au drame, au combat épique ou aux images élégiaques... bref mille et une raisons de sortir de la salle avec la mâchoire et le poing crispés, à la limite de la parésie faciale. Ne comptez cependant pas sur moi pour vous dire que le film est un navet complet (mais ne vous attendez pas non plus à un concert de louanges); il y a de bonnes choses à l'intérieur, comme par exemple la façon dont Zack Snyder présente Superman, un être divin qui échappe à la condition humaine. Il n'est pas de notre planète et son sacrifice christique quotidien pourrait très bien -pour une raison qui lui est propre- se laisser contaminer par l'amertume ou le découragement, ou pire la colère et le ressentiment, sans que personne ne puisse s'y opposer. La juxtaposition entre Superman et Batman est particulièrement bien présentée et cohérente. D'un côté un être au statut semi-divin donc, de l'autre un homme sans la moindre capacité hors du commun, même si bien épaulé par la technologie et sur-entraîné au combat. Une autre bonne nouvelle est à trouver du coté des acteurs choisis pour incarner les héros à l'écran. Ben Affleck est probablement le meilleur Bruce Wayne que j'ai pu voir au cinéma, et son Batman est bien campé, même si la facilité avec laquelle il envisage le meurtre et tente de se débarrasser de Superman n'est pas franchement dans les gènes du Dark Knight, si on excepte quelques sporadiques récits remontant à plusieurs décennies de cela. Henry Cavill également est un excellent Superman, et ce n'est pas de sa faute si Snyder abuse de plans messianiques et d'idées pédantes pour le mettre en situation. Les scènes de combat sont rondement menées, à la limite de l'invraisemblable (lorsque Batman utilise ses engins technologiques) mais elles assurent de bonnes parenthèses spectaculaires et explosives dans un film qui n'a pas comme qualité principale le naturel des dialogues. Jesse Eisenberg aurait lui pu être un Luthor rajeuni et en proie à des tourments intérieurs, le faisant lentement glisser vers une folie destructrice, au lieu de cela il se contente de ricaner et gesticuler comme un dément, entretenant une confusion narrative et visuelle avec un autre cinglé de Dc Comics (le Joker), jusqu'à un dernier plan en prison réellement ridicule. On lui reconnaît peu de motivations, si ce n'est une soif de revanche sur ceux qui ont le pouvoir, hérité d'un père tyrannique qui le battait (comme il l'admet dans ce film). Assez peu tout de même pour risquer la destruction de la planète et se comporter comme la dernière des ordures. Subtilité, cette inconnue.
Snyder a commis une erreur impardonnable à mes yeux, celle d'avoir introduit trop rapidement le personnage de Doomsday, et donc d'avoir mis en scène la mort de Superman avec une hâte coupable. Il y avait là matière à réaliser un film complet, qui avec un peu d'inspiration aurait pu se révéler être un petit chef-d'œuvre à proposer aux fans. Au lieu de cela, le réalisateur s'est empressé de remplir son sac de joujoux à ras bord, quitte à le faire exploser. Du coup il transforme la dernière partie de Batman v Superman en affrontement grand-guignolesque, où tout explose, tout est détruit, tous les coups sont permis, y compris faire apparaître Wonder Woman dans l'équation, avec un thème musical récurrent aussi bourrin qu'insistant, pour bien faire comprendre aux spectateurs distraits que l'Amazone guerrière vient de débarquer. Gal Gadot est finalement convaincante dans ce rôle, bien plus en costume et bouclier d'ailleurs, que lorsqu'elle est habillée et dissimulée en robe de soirée, dans le civil. Là où le bât blesse c'est pour ce qui est des autres membres de la future Justice League. Nous comprenons que le groupe est sur le point de se rassembler et d'être constitué, mais pour le moment, les petits caméos que propose le film sous forme de vidéos de caméra surveillance sont presque à la limite du ridicule, et surtout ils sont amenés comme un cheveu sur la soupe, sans que l'on comprenne vraiment pourquoi à ce moment précis du récit. Vite ébauchés, sans conviction (Aquaman qui semble faire coucou à l'objectif, dans ce qui paraît être une pub pour un bon shampoing) les futurs héros à venir méritaient un autre type de "première fois" que cette série de clins d'oeil malvenus. C'est un des autres défauts dont souffre le film de Snyder, on a l'impression parfois que les scènes ne se succèdent pas avec beaucoup de liant et que l'ensemble a été monté un peu rapidement, en supprimant des moments qui aurait pu servir de raccord entre un événement et l'autre. Gageons que l'édition blue-ray, qui sera source de moult bonus et scènes inédites, est une des raisons de ce jeu de massacre, de ce saucissonnage artistique. Après tout il aurait été plus malin de proposer deux longs métrages successifs de deux heures chacun, en construisant patiemment, que de tirer toutes les cartouches ensemble, en 2h30 explosives et qui filent la migraine aux spectateurs. Finissons cette critique en ajoutant que les spectateurs qui n'ont rien vu du précédent film avec Superman, à savoir le Man of Steel de Zack Snyder, risquent de manquer de repères car ce long métrage en est le prolongement fidèle, s'ouvrant sur une scène dantesque se déroulant pendant le combat entre Superman et Zod, et il en exploite plus de deux heures durant les conséquences et l'héritage. Dommage de constater que ce rendez-vous si attendu est en grande partie raté, entre une écriture sommaire et hors sujet par endroits (merci David Goyer et/ou Chris Terrio), une réalisation peu inspirée, des dialogues didactiques et pontifiants, et une photographie trop sombre, étouffante, mortifère.
Je souhaiterais conclure sur une petite suggestion fort utile pour l'avenir, et pour bien illustrer la différence entre une production Marvel, et celle-ci, commanditée par et pour Dc. Les vidéos de surveillance qui introduisent les membres de la Justice League, chez la concurrence, ça se trouverait après le générique de fin, en scène cachée, comme le savent et l'attendent les fans. Un petit cadeau bonus toujours apprécié. Les amis, ça ne sert à rien de mettre une pièce de tissu neuf sur un habit élimé, ça saute aux yeux et on ne comprend rien.
Je souhaiterais conclure sur une petite suggestion fort utile pour l'avenir, et pour bien illustrer la différence entre une production Marvel, et celle-ci, commanditée par et pour Dc. Les vidéos de surveillance qui introduisent les membres de la Justice League, chez la concurrence, ça se trouverait après le générique de fin, en scène cachée, comme le savent et l'attendent les fans. Un petit cadeau bonus toujours apprécié. Les amis, ça ne sert à rien de mettre une pièce de tissu neuf sur un habit élimé, ça saute aux yeux et on ne comprend rien.
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