Une rencontre improbable...Décembre 1944. C'est la contre-offensive allemande dans les Ardennes belges. Pris de panique, un curé confie Renée, une petite fille juive de 7 ans, à deux soldats américains. Ce sont en fait des SS infiltrés, chargés de désorganiser les troupes alliées. Les deux nazis décident d'exécuter la fillette. Au moment de tirer, Mathias, troublé par le regard de l'enfant, tue l'autre soldat.Commence dès lors une cavale, où ils verront le pire, et parfois le meilleur, d'une humanité soumise à l'instinct de survie.
Première phrase : La tartine resta suspendue au bord des lèvres du père.
Dernière phrase : « What difference does it make ? Today, we live. »
Le paragraphe : Pour la première fois de sa vie, Renée éprouva de la jalousie. Elle n’était pourtant pas d’un naturel possessif. La distance qu'elle mettait entre elle et le monde et la vie incertaine qu'elle menait ne s’accommodaient pas de ce désir d’exclusivité absolue, qui s’accompagne souvent d’une méfiance profonde à l’égard des sentiments de l’autre, et d’une piètre estime de soi, deux traits de caractère qui n’appartenaient pas à Renée. Les manifestations de jalousie qu'elle avait observées chez les autres la laissaient perplexe. Elle profitait des bonnes choses que certains de ses semblables étaient prêts à lui donner, et elle avait appris que cela variait beaucoup en fonction des circonstances et de l’humeur du moment. Cela pouvait aussi bien cesser du jour au lendemain, si elle devait quitter un lieu de vie pour un autre. Renée se protégeait très efficacement de l’arbitraire de l’existence et de l’inconstance des hommes en vivant le moment présent intensément, comme si c’était le dernier. Dans cette manière d’être au monde, il n’y avait pas de place pour un sentiment aussi inutile et parasite que la jalousie.
Moi j'en dis : Ce roman se place dans les derniers jours de la Seconde Guerre Mondiale du côté des Ardennes Belges.. Une période de "battement" : la fin du conflit n'est pas encore annoncée ; le vainqueur n'est pas encore proclamé ; le perdant bataille encore, loin de lui l'idée de renverser la tendance, mais plutôt celle de faire toujours plus de dégâts. C'est dans ce contexte qu'on rencontre Renée, une petite fille juive de 7 ans, ballottée de famille en famille pour sa survie.
Elle change de famille quand le courage de ceux qui l'accueillent vacille. Dès les premières pages, on voit rapidement que le courage laisse facilement place à la lâcheté quand il est mis à l'épreuve. C'est ainsi, qu'elle va passer de la main d'un curé, à celle d'un soldat américain.. enfin un soldat allemand infiltré. Je n'en dis pas plus, d'ailleurs même le résumé en dit plus.
Cette petite m'a épaté par sa lucidité, son courage et sa maturité. Elle est lumineuse de sagesse. Elle est forte et perspicace. Face à elle, Mathias m'a retourné l'estomac, il est tout aussi lucide, sur la guerre, sur le rôle de chacun, sur son rôle dans la guerre. Il n'y a pas une once de culpabilité dans son comportement, et c'est véritablement perturbant. Et il est encore plus perturbant de s'attacher à lui, pendant que lui-même est troublée par Renée.
J'ai commencé ce roman tard et je l'ai fini d'une traite, encore plus tard. Impossible d'aller me coucher sans en savoir plus sur leurs sorts.
Verdict : L'histoire est captivante et le style d'écriture de l'auteur l'est tout autant. La manière dont elle passe la parole à tous les personnages, est rudement bien menée. Un roman chorale divinement réussi.
N'oubliez pas, c'est mon avis : Aimez, détestez, peu importe respectez.
Au plaisir.