Rien où poser sa tête

Par Lecteur34000

" Rien où poser sa tête "

FRENKEL Françoise

(L'Arbalète/Gallimard)

En 1921, elle avait créé à Berlin la première librairie française, " La Maison du Livre ". Lorsque les nazis conquirent " démocratiquement " le pouvoir, son mari s'exila à Paris. Françoise Frenkel persévèra jusqu'en 1939, à quelques jours de la déclaration de guerre. A son tour, elle s'installa à Paris qu'elle dut fuir en mai 1940.

Ce livre raconte ses errances. D'Avignon à Vichy, de Vichy à Nice, de Nice à Grenoble puis à Annecy. Un objectif constant : gagner la Suisse, pays qui lui a accordé un visa. Avec la nécessité d'échapper aux sbires du Maréchal et à la Gestapo. L'aide, le secours, l'assistance de quelques " bons français " qui lui permettent de passer au travers des mailles du filet. Les durs moments des confrontations avec les " mauvais français ", indicateurs, dénonciateurs, flics, collabos.

Publié en Suisse dès septembre 1945, ce récit fait revivre la douloureuse aventure d'une femme d'origine juive (née en Pologne) dans un pays où la majorité dite silencieuse partagea peu ou prou l'antisémitisme qui fut le lot commun des envahisseurs et de la clique pétainiste. Avec la volonté de ménager les susceptibilités, en mettant l'accent sur le soutien que lui accordèrent de " bons français ". Mais en faisant tout de même œuvre utile. Tel est le ressenti du Lecteur qui ne considère pas cet ouvrage comme quantité négligeable, mais comme un témoignage parmi d'autres sur ce qu'endurèrent des gens d'origine juive, les si peu nombreux qui échappèrent aux rafles puis aux camps de la mort, dans le pays qu'ils avaient cru être le leur.