Macaroni (Récit Complet)

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « Macaroni »

Scénario de Vincent Zabus, dessin de Thomas Campi,

Public conseillé : Tout public (à partir de 12 ans)

Style : Intime
Paru aux éditions « Dupuis », le 1er avril 2016, 144 pages couleur, 24.00 euros,
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L’Histoire


Roméo, 11 ans, est contraint de passer quelques jours chez son grand-père, immigré Italien. Pour lui, il n’est autre que «Le vieux chiant»…Il ne comprend pas pourquoi son papa tient absolument à l’emmener chez lui, pourquoi il ne peut pas rester avec sa maman ?
Le voilà donc propulsé chez ce dernier. Le matin même, il doit enlever les mauvaises herbes du jardin. Mais saura-t-il faire la différence entre des carottes et des orties, nettoyer l’auge du cochon ? Lui qui pensait être en vacances !
Heureusement, à côté de son grand-père habite Lucie, la mystérieuse voisine. En parlant avec elle, il va commencer à comprendre le vécu de ces hommes venus d’Italie dans les année 60. Le grand-père de Lucie comme celui de Roméo étaient venus pour trouver une vie meilleure. Tout cela pour finir dans les mines !
Les jours passent et celui qui était « le vieux chiant » finit par devenir « Nono ». Tout doucement, il s’ouvre à ce petit fils, lui parle de son passé, de sa tristesse.
Tout se mélange avec de vieux cauchemars qui remontent toutes les nuits. Il ne sait plus vraiment à quelle époque il vit… Mais le temps de rentrer est arrivé ! D’autres choses vont changer dans la vie de Roméo et la transition n’est pas simple. Ce ne sera pas facile pour lui de les accepter. Une nouvelle vie s’offre à lui et elle pourrait bien faire un détour par l’Italie…

Ce que j’en pense


Ce titre m’a particulièrement touché. Je ne viens pas de l’immigration Italienne, mais j’ai vécu les silences et les colères du grand-père de Roméo. Cela ne venait pas de mon grand-père, mais de mon papa. Suisse, né en Pologne en 1940. Retour dans son pays d’origine à 13 ans, du côté alémanique. Reparti début des années 60 dans la partie romande pour travailler sur les chantiers de la futur « Expo nationale » à Lausanne en 1964…
Il est arrivé en même temps que les « Italiens ». Ces hommes dont il nous parlait le soir en mangeant, quant il était là, et pas au bistrot. Ces Italiens, qui, comme lui, ne parlaient pas bien le français et n’étaient pas vraiment à leur place….Il parlait avec les mains, comme eux. Et moi, je ne comprenais rien à ce charabia et à ses colères.

Thomas Campi et Vincent Zabus ne racontent pas une histoire qu’ils ont vécu, mais celle entendue un jour dans la bouche d’une jeune femme qui a grandi dans cette atmosphère. Ils ont su transmette, à travers l’histoire et l’illustration, toutes les émotions de ces déracinés.
Les échanges entre Roméo et son « Nono » sont très touchants. Il apprend des choses que son père n’a jamais su. Peut-être à cause du temps qui passe, de la vieillesse ou la maladie…

Ces deux auteurs ont déjà collaboré à deux bandes dessinées. “Les larmes du seigneur Afghan” aux éditions Dupuis, (un témoignage) et “Les petites gens” aux éditions « Le Lombard » qui parlait du bonheur.

Le dessin est très fort. Thomas Campi utilise des couleurs chaudes. Dans «Macaroni», même si on est à Charleroi, on à l’impression d’être dans le sud de l’Italie.

J’aime ces histoires humaines, qui nous rappellent à chacun un peu de son histoire ou celle d’une connaissance… C’est un enrichissement de la vie culturel et émotionnel !