Socrate et le politicien intelligent, par Alain Gagnon…

L’humour facilite les relations avec soi-même et avec les autres. Il accompagne l’intelligence et la civilisation. Diogène Laërce rapporte ces deux réparties de Socrate.
Son épouse Xanthippe était acariâtre. Les comportements plutôt bohèmes et inorthodoxes de son époux donnaient amplement l’occasion à celle-ci de manifester ce trait de caractère. Un jour, après l’avoir abreuvé d’injures, Xanthippe lui jeta un vase d’eau au visage, et Socrate de reprendre : « Je savais bien qu’un si grand orage ne se terminerait pas sans pluie. »

Et à la fin de sa vie :
Les Athéniens avaient condamné le philosophe à mort. Il était sur le point de boire la cigüe lorsque son épouse en pleurs lui lança :
— Tu meurs injustement !
— Aimerais-tu mieux que ce fût justement ? reprit-il.

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alain gagnon, Chat Qui Louche, francophonie, littérature, maykan, québecUn politicien intelligent me confiait récemment :
— Lui : Vous savez c’est quoi le plus criant problème de nos gouvernements ? Ils font du neuf inutilement, et n’ont plus de budget pour faire ce qui serait utile.
— Moi : Je ne comprends pas…
— Lui : Combien de lois on vote alors qu’existent déjà des lois qui couvrent les mêmes champs juridiques ? Et les écoles ?
— Moi : Les écoles ?
— Lui : On a construit combien d’écoles, cégeps, pavillons universitaires au Québec, alors que des institutions religieuses, à quelques pâtés de maisons, se vidaient et laissaient vacants des édifices comme on n’a plus les moyens d’en construire ?
— Moi : Et pourquoi ?
— Lui : Retaper une ancienne loi n’attire pas l’attention sur le parti au pouvoir, alors qu’en voter une nouvelle exigera une conférence de presse, une commission parlementaire où on pourra placer les députés inutiles… En ce qui a trait aux écoles, réaménager de vieux bâtiments n’amènera pas une coupure de ruban avec ministre en première page dans les journaux régionaux, voire nationaux, ni de contrats juteux pour les amis du parti… Nécessité partisane fait loi !
Je regrette presque de n’avoir jamais voté pour lui…

L’auteur…

Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon chat qui louche maykan alain gagnondu Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998).  Quatre de ses ouvrages en prose sont ensuite parus chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004),Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013).  Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011).  En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010).  Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux (MBN) ; récemment il publiait un essai, Fantômes d’étoiles, chez ce même éditeur .  On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL.  De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue.  Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com/).