► RESUME ( Babelio )« - Un kaïken.- Tu sais à quoi ça sert ?- C'est avec ce poignard que les femmes samouraïs se suicidaient. Elles se tranchaient la gorge... »Olivier Passan de la Criminelle. Un solitaire fasciné par le Japon traditionnel, un samouraï des temps modernes, lancé dans la traque d'un insaisissable criminel, « l'Accoucheur », qui éventre les femmes au terme de leur grossesse pour brûler le fœtus.Ce flic tourmenté, complexe, cherche à comprendre les raisons du naufrage de son couple : Naoko, sa femme japonaise, a demandé le divorce mais ils se sont entendus pour une garde alternée de leurs deux enfants. Cette vie de famille chaotique est au centre de l'intrigue, qui joue des similitudes entre l'histoire personnelle de Passan et celle du serial killer que l'on est tenté de voir comme son double monstrueux. Mais le suicide de l'Accoucheur ne résout rien et Passan devra aller jusqu'à Tokyo rechercher la clé de l'énigme...
► AUTRES INFORMATIONS
• Paru en 2012
• Editions Le Livre de Poche
• 552 pages
Lu en Novembre 2015
Pour ce roman policier, JC Grangé a choisi le nom d'un sabre Japonais, le Kaïken. Il s'agit d'un thriller à la douce saveur asiatique qui nous promène d'enquêtes en enquêtes. Je préciserai tout de suite que ce roman n'est pas le meilleur que j'ai lu de Grangé jusqu'à présent, je dirai même qu'il est un cran en dessous des autres, sans doute est-ce dû à l'entremêlement des enquêtes et aux pistes parfois douteuses que nous proposent l'auteur. Toujours est-il que j'ai passé un agréable moment en sa compagnie.
Nous découvrons Passan, flic père de famille, véritable obsédé du Japon qui ne pense et ne vit qu'à travers le pays du soleil levant. Il est d'ailleurs marié à une Japonaise qui nie en bloc tous les clichés concernant son pays, ne supportant pas l'attitude puérile de son mari vis à vis de ces vieilles traditions. Ce couple bancal va être au cœur du roman. Une enquête s'ouvre et les répercussions sont terribles pour la famille, des événements se produisent et déstabilisent le doux foyer. Le lien avec le métier de Passan semble évident, tellement évident que cela peut même sembler suspect et inquiétant. L'auteur va jouer sur cette logique pour nous promener à travers de sinueux dédales, dédales dans lequel le chemin vers la sortie semble tout tracé.
L'auteur a su installer une ambiance qui devient progressivement très malsaine, de l'obsession pour le Japon à l'absurdité des crimes, tout est réuni pour nous offrir un palpitant thriller. Le Japon semble être le fil directeur de ce récit, au cœur de toutes les attentions et pourtant souvent mis de côté. Il s'agit ici de comprendre comment de vieilles traditions peuvent faire irruption dans le présent, le désintégrer et l'enterrer à jamais, mais aussi de réaliser à quel point chaque décision a son propre lot de répercussions pour l'avenir. Quand l'évidence semble s'imposer, un rebondissement fait irruption et sème de nouveau la zizanie, ce roman est un enchaînement sans cesse renouveler de situations finales dans lesquelles la fin ne trouve pas sa place, prolongeant ainsi le mystère de la résolution.
"Les garçons de leur génération étaient des échalas aux cheveux orange, peu intéressés par les filles, encore moins par le sexe, qui vivaient par procuration à travers les jeux video, la mode, les drogues.
Satisfaits d'eux-mêmes, complètement passifs, ils se croyaient originaux."
"Un sourire, un regard attentionné, et cela lui aurait fait sa journée. Mais même ces petites attentions, il n'avait pas été foutu de lui accorder. Et quand par miracle cela arrivait, c'était elle qui réagissait avec maladresse.
Elle était trop avide d'amour, comme un affamé mord la main qui lui tend la nourriture."