Lulu et le Brontosaure de Judith Viorst (texte) et Lane Smith (illustrations), paru chez Milan en 2012
Travaillant depuis peu dans des écoles primaire et maternelle, je découvre peu à peu comment la littérature de jeunesse est abordée dans différentes classes. Enfin, j’ai plutôt le plaisir de re-découvrir tout ce système, puisque j’y avais déjà été formée, il y a quelques années (ça ne nous rajeunit pas). Du coup, j’ai décidé de partager ce plaisir avec vous et de consacrer mes trois prochains articles à trois livres que la classe de CM2 dans laquelle je suis, a étudié.
On commence cette sélection avec Lulu et le Brontosaure.
Lulu est une petite fille très capricieuse, voire même une petite peste. Elle est fille unique et ses parents ont pris l’habitude de tout lui céder et de lui acheter tout ce qu’elle désire. Si elle n’obtient pas ce qu’elle veut, elle se roule par terre et hurle, jusqu’à ce que ses parents capitulent. Pour son anniversaire, elle tente le tout pour le tout et demande un Brontosaure ! Pour une fois, ses parents ne cèdent pas. Déjà un Brontosaure c’est cher, ça prend de la place et puis en fait, ça ne se trouve pas si facilement. Alors, pendant les 13 jours qui précèdent son anniversaire, une bataille s’engage entre Lulu et ses parents. A la veille de la fête, Lulu a bien compris que ses parents continueront à lui tenir tête pour une fois. Qu’à cela ne tienne, elle le veut ce Brontosaure ! Elle prépare sa petite valise et part à la recherche de son cadeau d’anniversaire dans la forêt près de chez elle. Mais elle se rend vite compte que ce n’est pas évident de trouver un dinosaure de nos jours. Lulu rencontre beaucoup de bêtes féroces (qu’elle mate à chaque fois), mais point de Brontosaure. Elle finit par s’endormir au plus profond de la forêt. Et au petit matin, son vœu s’est réalisé ! Lulu a trouvé un Brontosaure ! Mais va-t-il se laisser domestiquer ?
Ce roman illustré plein d’humour m’a faite craquer !
La narration est totalement fluide et on se laisse prendre par cette petite histoire loufoque. Le style de l’auteure, qui fait parfois des intrusions à la première personne pour expliquer pourquoi elle fait tourner le récit dans tel sens, est déroutant, mais dans le bon sens du terme. Elle s’adresse directement au lecteur lors de ses apartés et ça aide à se plonger dans l’histoire.
Le récit en lui-même est très drôle. Les caprices de Lulu rappelleront certainement à beaucoup d’enfants un (ou plusieurs) épisode(s) qu’ils ont eux-mêmes vécu(s) – voire fait subir à leur entourage. La petite escapade de la jeune fille dans la forêt pour satisfaire son esprit tête de mule est pleine de rebondissements humoristiques, sans queue ni tête, mais exquis. Sa rencontre avec le Brontosaure va changer sa vision des choses telles qu’elle les voyait jusque-là et va être bénéfique pour la petite fille.
L’humour du livre est poussé un peu plus loin que dans le récit classique. On va par exemple trouver un chapitre 8 et ½, au moment de la rencontre entre Lulu et le Brontosaure. L’auteur offrira également au lecteur trois fins, ne sachant laquelle sied le mieux à son histoire ! On a donc trois chapitres n°13 et trois fins. Au lecteur de choisir sa préférée, voire de s’en construire une nouvelle si celles proposées ne lui conviennent pas.
Quant aux illustrations, elles correspondent parfaitement à l’univers de Lulu. En noir et blanc, elles donnent l’impression de se retrouver face à un vieux conte. L’effet « impression d’un tissu » animent bien le récit. Les expressions des visages, notamment celles de Lulu, sont bien travaillées et aide à se représenter les scènes.
En bref, c’est un court roman illustré fait pour attirer petits et grands et qui correspond à tous les types de lecteurs ! J’en vois tout à fait l’intérêt dans une école. Bien souvent on a l’impression qu’à l’école, les enfants ne lisent plus que des livres en rapport avec un autre cours, surtout l’histoire, la géographie ou les sciences. Des livres dans lesquels ils s’instruiront encore plus. Mais ici, à part le côté loufoque du Brontosaure (qui ne permet pas d’aborder la période des dinosaures, ou alors faut aller chercher loin) c’est surtout la narration qui va pouvoir être travaillée avec les élèves. Cela peut également être une bonne approche pour faire écrire eux-mêmes les enfants, avec un style moins conventionnel et plus abordable. Les chapitres ultra courts aident également à la lecture pour les jeunes. A lire dès 8 ans.
Si vous avez aimé les aventures de Lulu dans ce tome, retrouvez-la dans Lulu n’a peur de rien.
Bonne lecture les loulous !