T.C. Boyle : Après le carnage

Par Lebouquineur @LBouquineur

T.C. Boyle (Tom Coraghessan Boyle) est un écrivain et romancier américain né en 1948 à Peekskill dans l’Etat de New York. Depuis 1978, il anime des ateliers d’écriture à l’Université de Californie du Sud et vit près de Santa Barbara, dans une maison dessinée par l’architecte Frank Lloyd Wright. Il est l’auteur de plusieurs recueils de nouvelles ainsi que de nombreux romans dont celui-ci, Après le carnage, paru en 2013.

« Rien n’aurait jamais dû troubler la sérénité des Channel Islands, petit chapelet d’îles au large de Santa Barbara, havre de paix pour une faune luxuriante que sont venus à peine déranger, au fil des siècles, quelques aventuriers solitaires, fermiers, hippies et autres naufragés… Mais c’était compter sans Dave LaJoy, défenseur acharné des droits des animaux, qui a déclaré une guerre sans merci à Alma Boyd Takesue, une biologiste qui s’est donné pour mission d’éradiquer les bestioles les plus nuisibles à l’écosystème de l’archipel. »

Avec une féroce lucidité TC Boyle s’attaque aux protecteurs de la nature en tout genre qui à partir d’idéaux partant d’un bon sentiment, réussissent à obtenir des résultats inverses à leur cause, voire, comme ici, à engendrer des drames qui les dépasseront. Roman basé sur l’écologie et ses dérives, étoffe dans laquelle Boyle taille son réquisitoire qu’il suspend à plusieurs cintres venant enrichir l’architecture globale, comme cette lignée de femmes (toutes veuves ou abandonnées) commencée par Beverly dans les années 40, puis sa fille Katherine, elle-même mère d’Alma notre héroïne qui finira par accoucher d’une petite Beverly… Mais beaucoup d’autres thèmes contemporains, moins développés, viennent se greffer à cet ensemble déjà costaud.  

Le roman est énorme dans tous les sens du terme. Techniquement éblouissant par son écriture dense et profonde, ne lésinant pas sur les digressions et la précision des descriptions, utilisant un vocabulaire parfaitement choisi. Aucune page ne semble superflue néanmoins, tant la maîtrise de l’écrivain subjugue. Quelques accélérations du rythme parfois, viennent relancer avec bonheur la machine et des scènes extrêmement belles ou dures (comme celle où des corbeaux attaquent les agneaux) captent particulièrement l’attention du lecteur. Mais si la construction déstructurée impressionne elle aussi, par ses changements d’époque ou de situation brutaux, cette avalanche de compliments n’aboutit pas pour autant à une satisfaction entièrement comblée du lecteur. Certes, il s’agit d’un bon roman – peut-être même un peu plus que cela – mais quelque chose m’a manqué ou n’a pas su me satisfaire pleinement. Je ne sais pas quoi exactement, une approche trop clinique, à moins que cela ne relève de l’intérêt réel retiré de l’histoire ou du manque d’empathie pour ses personnages ?