Reçue dans le cadre de l’opération « La BD fait son festival », organisée par PriceMinister, je vous livre aujourd’hui mon avis sur Cher pays de notre enfance : Enquête sur les années de plomb de la Vè République, de Benoît Collombat et Etienne Davodeau. Cette bande-dessinée a été publiée en octobre 2015 aux éditions Futuropolis, a été primée au festival d’Angoulême et a reçu le prix du public Cultura en 2016 (en plus de faire partie de quelques autres sélections, comme celle du prix BD Fnac 2016 par exemple).
N’étant ni experte en bande-dessinée ni experte en histoire, je me contenterai de vous donner mon ressenti tel que je l’ai perçu au cours de ma lecture… D’abord, pourquoi cette bande-dessinée ? J’avouerai qu’au-delà du sujet, vraiment intéressant, j’ai été confortée dans mon choix par les différentes distinctions accordées à ce livre… La renommée d’Étienne Davodeau dans le milieu de la bande-dessinée a également orienté mon choix, bien que je n’ai jamais réellement lu quoi que ce soit de cet auteur (seulement aperçu quelques planches de la BD « Un homme est mort »).
L’enquête dont il est question à travers cette bande-dessinée documentaire (ou roman graphique ? Je me suis posée la question…) a été menée de paire par les auteurs, l’un journaliste d’investigation à France Inter, l’autre, auteur de BD reconnu dans le milieu. A eux deux, ils ont parcouru la France en quête de témoins afin de mettre en lumière les heures sombres et surtout méconnues de la Vè République, où sévissait alors plus ou moins ouvertement le Service d’Action Civique (SAC), milice au service du général de Gaulle et de ses successeurs. La trame de cet ouvrage prend pour appui plusieurs affaires ayant terni l’image et l’histoire de la Vè République : l’assassinat du juge Renaud, juste au moment où il s’apprêtait à révéler les tenants et les aboutissant d’une affaire retentissante, qui aurait pu par la même occasion faire plonger le parti politique alors en place, la mort du ministre Robert Boulin, présentée comme un suicide, la tuerie d’Auriol, dans laquelle un membre du SAC et sa famille sont alors assassinés, soupçonnés de collaborer avec la gauche de l’époque… Mais plus globalement, le fil conducteur de l’enquête s’oriente autour de toutes les exactions commises par le SAC.
Je ne rentrerai pas dans les détails de tous ces éléments, car n’étant ni contemporaine de cette époque, ni vraiement calée en Histoire, il m’a manqué certaines données que j’ai dû ensuite aller rechercher sur Internet pour mieux comprendre les choses. Néanmoins, et je pense pouvoir l’affirmer, cette bande-dessinée est d’une vraie richesse sur le plan documentaire et graphique. Les faits relatés ici se marient parfaitement avec le trait d’Étienne Davodeau, et cela confère à l’ensemble une qualité indéniable… C’est comme si nous, lecteurs, assistions aux différents entretiens et aux multiples interrogations comme un véritable spectateur. Cependant, je pense que cet ouvrage n’est pas forcément abordable pour tout le monde, et requiert comme base un minimum d’intérêt pour le journalisme d’investigation et l’histoire plus ou moins contemporaine de la Vè République. Mais peut-être cette bande-dessinée pourrait-elle éventuellement permettre de mieux comprendre le présent en retournant sur le passé, et pas seulement selon ses heures glorieuses et triomphantes…
Pour finir, et seulement parce qu’il est nécessaire d’attribuer une note à cet ouvrage, je lui attribue, à ma modeste mesure, un joli 16/20. Merci à PriceMinister pour l’envoi de la bande-dessinée.