" Où étiez-vous tous "
DI PAOLO Paolo
Les années Berlusconi. La lente montée vers l'âge adulte d'un adolescent, au sein d'une famille ordinaire. " Je me souviens avoir donné mon premier baiser à la fin des années 1990, sous un gouvernement Prodi. Mais pour le reste, Berlusconi : par exemple, quand j'ai eu dix-huit ans, mais aussi quand j'en ai eu vingt, puis vingt-cinq. Pour une série très dense de micro-évènements, de découvertes, de choses dont l'apprentissage faisait beaucoup de bien ou beaucoup de mal. " Entre la microsociété familiale dont les fissures tardent à se révéler au regard de celui qui chemine vers l'âge d'homme et le pourrissement de la société globale, Paolo Di Paolo raconte sur un mode doux amer le dépérissement de son pays. L'humour affleure, léger, arachnéen. " Au lycée, en proie à une étrange inquiétude, j'ai demandé des éclaircissements à tout le monde, y compris quelques pages de Gramsci. On ne peut pas dire que je n'ai pas cherché, mais je m'embrouillais. En 2001, possesseur depuis peu d'une feuille rose et d'une carte d'électeur, je n'ai pas voté pour Berlusconi. Il a gagné. Cinq ans après, je n'ai pas voté pour Berlusconi. Il a perdu. Deux ans plus tard, il était de nouveau au gouvernement. "
Le roman raconte le vide, repousse le Lecteur vers le néant. Par touches successives, toutes plus délicates et pondérées les unes que les autres. Non point pour que le Lecteur prenne le parti d'en rire, mais qu'il soit en mesure d'entrevoir l'infinie médiocrité de ceux qui prétendaient alors incarner le renouveau. Avant que ne surviennent ceux qui seraient censés incarner la rupture " L'histoire du Chef était déjà devenue un chapitre dans les manuels d'Histoire. Les défenseurs de la démocratie, de le responsabilité nationale, iraient au gouvernement. Mais ils n'étaient pas seulement ordinaires du point de vue de leur biographie, de leurs propositions, de leur ton de voix et même de leurs mimiques faciales. Il n'y avait rien à raconter sur eux, sur leur passé. Il n'y avait pas de détails à romancer à propos de bateaux de croisière, de télévisions, de talonnettes, de vestes croisées, de plaisanteries, d'éclairs de génie, de cheveux, de passions, de conquêtes en tout genre. Il n'y avait pas à raconter de séances de natation, de gymnastique, de maquillage. A imaginer des pas dans les pièces d'habitations gigantesques, un regard derrière le rideau, des heures de solitude. Il n'y avait plus rien à raconter. "