Le revoici. Black Panther. Par la force des choses, avec le film Civil War sur le point d'arriver en salle, et dans lequel il va jouer un rôle non négligeable. Le roi du Wakanda récupère son trône après en avoir été chassé, après avoir même tout perdu, dans une lutte sans merci contre Namor, et durant les événements de Infinity et Secret Wars. Mais dans l'univers Marvel, rien n'est jamais fini, rien n'est jamais mort, tout se renouvelle. Ta-Nehisi Coates, qui est ici à sa première expérience en tant que scénariste d'un comic-book, après vingt ans passés dans le monde du journalisme et de l'écriture, a cerné le problème dès les premiers instants. Pour que le titre marche, il faut trouver la juste alchimie entre la fiction politique qui ravage le royaume, l'aspect super-héroïque qui définit bien souvent les actions de la Panthère Noire, et bien entendu suffisamment de pathos et de liens entre les personnages pour que le lecteur se passionne à ces nouveaux défis qui allient luttes ancestrales, traditions pesantes et aliénantes, et regard porté vers le futur, la science-fiction, l'avenir. Le Wakanda, c'est tout ceci à la fois, un état fictif africain où avant-hier côtoie déjà après-demain. La situation là-bas est particulièrement agitée. Ceux qui ont survécus aux drames de ces derniers mois sont inquiets. Nous sommes au bord de la guerre civile (tiens donc...), de l'implosion. Il faut de la force, et un esprit inflexible, pour mâter la rébellion qui gronde, mais T'Challa a t-il encore les épaules assez larges pour imposer le respect à ses sujets? Car être un roi, assène d'emblée Coates, c'est savoir plier devant le fardeau des décisions à prendre, mais ne jamais rompre, et en définitive trancher, quand les événements l'imposent, sans atermoiements. Mais assez curieusement, si le début nous leurre, la suite de ce premier épisode donne presque plus d'importance aux femmes du Wakanda (la belle mère de la Panthère, les Dora Milaje -ces gardes du corps surentraînées- entre autres) qu'au Vengeur en costume noir. Coates insiste sur la rébellion intérieure qui pousse les Milaje a s'affranchir, à abandonner la statut de quasi esclaves que signifiait en fait les épouses d'état, et ce sont elles qui sont probablement les représentantes du Wakanda de demain, celui qui veut vivre en suivant la raison, la passion, mais pas de vieilles légendes ou traditions poussiéreuses. Coté vilain du jour, nous avons Zenzi et ses manipulations, mais pour l'instant cela reste encore flou, et nous sommes loin de percevoir où veut en venir l'auteur, même si une dernière planche promet beaucoup. Brian Stelfreeze assure un travail fort réussi coté dessin, car il a le mérite de donner une crédibilité évidente au Wakanda et à la technologie et la tradition qu'il suppose. Une grande attention est portée aux jeu corporel de la Panthère, et aux expressions faciales des personnages. les couleurs de Laura Martin aident beaucoup dans ce premier numéro, notamment pour caractériser les intervenants entre eux. C'est assurément un travail de qualité, fort soigné, mais qui reste bien énigmatique, et qui devrait livrer le meilleur de lui-même sur la longueur, et pas dans l'immédiateté. A lire aussi : Quand la Panthère Noire devient l'homme sans peur.