La Cuisinière

Par Entre Les Pages @EntreLesPages

La Cuisinière a été lu pour Our Pretty Books’ Club du mois d’Avril 2016.

Mary Mallon, née en 1869, était d’origine irlandaise. Elle a émigré aux États-Unis en 1884. C’est là-bas qu’elle a été identifiée comme porteur sain de la fièvre typhoïde. Si elle jouit aujourd’hui encore d’une certaine notoriété, c’est parce que contrairement aux autres porteurs sains, Mary n’acceptait pas de pouvoir causer la maladie et la mort alors qu’elle était en parfaite santé et qu’elle n’a pas non plus voulu arrêter de cuisinier. La préparation des plats était pourtant la seule chose qui la rendait dangereuse pour autrui. Les autorités sanitaires ont mis Mary à l’écart du monde sur Brother Island par deux fois. Elle y est décédée en 1938.

Cette histoire tragique, Mary Beth Keane en a fait un roman dans lequel le lecteur apprend des choses sur le fait divers que Mary Mallon a été pour New York. Dans lequel elle fait revivre une femme émancipée à qui l’on retire tout. Une femme qui pense que sa liberté, son indépendance financière ou sa vie de couple ont été la cause de son « enlèvement ». Dans La Cuisinière, Mary vit en effet avec Alfred mais ils ne sont pas mariés. Alfred a été inventé pour les besoins de l’ouvrage qui présente aussi son histoire à lui. Puisque l’auteure de The Walking People offre ici une intense plongée dans l’Amérique du début du vingtième siècle. Qu’elle décrit comment vivaient au quotidien les hommes et les femmes à l’époque, qu’ils soient immigrés ou non, et quelles étaient leurs conditions de travail. Ils lisaient dans le journal des articles à propos du premier saut en parachute, du naufrage du Titanic, ont été témoins de l’incendie de l’usine Triangle Shirtwaist.

Au milieu de tout cela, Mary, talentueuse cuisinière, trouvait toujours du travail, dans des maisons plus ou moins aisées, ravissait les enfants de ses mets, économisait, se faisait même plaisir, avait la possibilité de quitter son amant porté sur la boisson. Avant qu’on lui construise une cabane sur une petite île, avant qu’on l’oblige à passer des test médicaux humiliants de manière régulière, avant que personne n’accepte même plus un verre d’eau de sa part. Son destin est bouleversant. Sa solitude est palpable. Le monde lui-même rejette un être humain, un de ses enfants qu’il a pourtant porté d’un pays à un autre, nourri de talent, de caractère, de désirs. Ce livre brillamment écrit met de nouveau tout cela dans la lumière. Fait voir la vérité et la forme d’injustice qui l’accompagne. Fait ressentir une forte empathie pour Mary. Terrible et fascinant !

Présentation de l’éditeur :
Immigrée irlandaise courageuse et obstinée arrivée seule à New York à la fin du XIXe siècle, Mary Mallon travaille comme lingère avant de se découvrir un talent caché pour la cuisine. Malheureusement, dans toutes les maisons bourgeoises où elle est employée, les gens contractent la typhoïde, et certains en meurent. Mary, de son côté, ne présente aucun symptôme de la maladie. Au contraire, sa robustesse est presque indécente. Des médecins finissent par s’intéresser à son cas, mais la cuisinière déteste qu’on l’observe comme une bête curieuse et refuse de coopérer. Pourquoi la traite-t-on comme une malade alors qu’elle est en parfaite santé ? Les autorités sanitaires, qui la considèrent comme dangereuse décident de l’envoyer en quarantaine sur une île au large de Manhattan. Commence alors pour Mary Mallon, femme indépendante, un combat à armes inégales pour sa liberté…