Un homme écrit à la femme qu’il aime. Gravement malade, elle lutte dans un hôpital parisien. Il lui demande pardon. Pour tous les tumultes qui raisonnent en écho, les fracas incessants de la vie, les voyages incessants d’un bout à l’autre de la terre, les désordres d’une âme meurtrie, pour les mots d’amour tus ou prononcés trop tard, aussi pour cette vie qui va changer désormais. Il lui parle de la joie, du bonheur avant qu’ils ne s’en aillent. Il fête la liberté avant qu’elle ne soit dédaignée, se remémore les soubresauts de plaisir d’une peau aimée, la jouissance d’une caresse. Et dans ce compte à rebours des souvenirs, il voit le jour étreindre la nuit, car il y a encore tant de vies, tant de soleil à espérer.
À travers une sorte de journal de l’existence, l’auteur dévoile les éclats de la vie, entre les bonheurs simples qui inondent le cœur, réjouissent l’âme et deviennent douleurs et supplices lorsqu’ils s’en vont.
L’auteur nous livre un psaume à l’amour et à la quiétude. La plume est magistrale, les mots vous transpercent le cœur, raisonnent en écho dans l’âme.
Il n’y a guère d’histoire, avec un début et une fin, il y a juste quelques mots d’amour couchés sur le papier par un homme meurtri, en hommage à celle qui le quitte insidieusement, frappée par la maladie. Naguère voyageur, jetant l’ancre dans les ports de multiples exils, il revient en implorant le pardon de celle qu’il a toujours aimée. Une promenade dans le passé, où il se souvient aussi des amis disparus, de ses multiples échappées d’un coin à l’autre de la terre, de ses amours perdus, de ses incessantes fuites loin de l’aimée.
Un huis-clos entre deux âmes blessées, l’une quémandant le pardon et l’autre suppliant le Ciel de lui laisser vie…
Tout simplement émouvant.
Toutes nos vies de Stéphane Guibourgé, Éditions du Rocher
Date de parution : 25/01/2016