Éditeur : Pocket - Date de parution : 2008 - 633 pages
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La Voleuse de livres est un roman au ton bien singulier et tout à fait original : en effet, la narratrice n'est autre que la Mort en personne ... La Mort, personnifiée et dotée d'émotions, nous raconte comment elle s'empare des âmes.
Un jour, elle se fascine pour une fillette, Liesel Meminger. Une fillette dont elle emporte le frère dans un train, en plein cœur de l'hiver. La Mort croisera la route de Liesel à trois reprises, éprouvant à chaque fois beaucoup de curiosité à son égard. Une curiosité telle qu'elle décide de nous raconter l'histoire de cette enfant. Une histoire touchée par l'abandon, en plein cœur de l' Allemagne nazie, à la fin des années 30.
Après la mort de son frère, Liesel est recueillie par les Huberman, Hans et Rosa. La femme ressemble a une petite armoire, elle est dure mais aimante. L'homme au regard d'argent qui joue de l'accordéon, lui apprend à lire et écrire, ensemble ils lisent dans le sous-sol. Ils habitent au 33 de la rue Himmel, une des rues les plus pauvres de Molching, à Munich.
Les personnages sont terriblement attachants. Il y a Rudy Steiner, l'enfant des voisins, le meilleur ami de Liesel, qui l'accompagne dans ses nombreuses frasques. Il y a la femme du maire, chez qui Liesel découvrira une bibliothèque immense qui consolidera son amour des livres. Et puis un matin, Max, un boxeur juif, vient frapper à leur porte... Il a des cheveux comme des plumes et, dans leur sous-sol, il va se mettre à peindre les pages de Mein Kampf, le livre qui lui a sauvé la vie, pour y inscrire sa propre histoire.
Je ne vous en dirai pas plus... Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé ce petit pavé, qui m'a accompagnée durant ma première semaine en Égypte... Je me suis attachée aux personnages. À cette histoire d'enfant amoureuse des livres, qui au lieu de voler de la nourriture préfère voler un livre.
C'est un roman empreint d'humanité et de nostalgie. J'ai aimé sa forme, les libertés narratives prises par la Mort. Les listes qu'elle dresse, les commentaires qu'elle se permet. J'ai aimé cet amour des mots et des livres qui s'empare de Liesel. Ce besoin irrépressible qu'elle a de les voler.
Le texte délivre une petite musique qui m'est vite devenue chère. Le roman se déroule tout doucement et prend de plus en plus d'ampleur au fil des pages. C'est un livre qui aurait pu être déjà écrit, verser dans le cliché, il y en a tellement sur ce sujet. Et pourtant...
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" Même la musique de Papa avait la couleur des ténèbres. Même la musique de Papa. Le plus bizarre, c'est que cette idée, au lieu de l'angoisser, la réconfortait plutôt. L'obscurité, la lumière. Quelle différence ? Dans l'une et dans l'autre, les cauchemars s'étaient renforcés au fur et à mesure que la voleuse de livres comprenait comment les choses se passaient et comment elles se passeraient toujours. "
" Parfois, ça me tue, la façon dont les gens meurent. "
" Bientôt, elle fut entourée de mille morceaux de mots. Les mots. Pourquoi fallait-il qu'ils existent ? Sans eux, il n'y aurait rien de tout cela. Sans les mots, le Führer ne serait rien. A quoi bon des mots ? "
" J'ai détesté les mots et je les ai aimés, et j'espère en avoir fait bon usage. "