Lors de la création de Wonder Woman en 1941, William Moulton Marston à insufflé dans ce personnage son amour pour la mythologie antique, et une certaine forme de féminisme très moderne pour l'époque. Et pourtant tout aussi progressiste qu'il paraît, le scénariste présente initialement une héroïne particulièrement naïve et influençable. Les Amazones vivent isolées du contact des hommes, mais il suffit qu'un seul exemplaire de mâle échoue sur la plage, après un combat contre les forces aériennes japonaises, et voici que la princesse héritière du royaume, la future Wonder Woman, en tombe amoureuse at first sight. J'ai toujours pensé que la figure de Steve Trevor était ce qui est arrivé de plus triste au destin de Wonder Woman; c'est finalement une tentative de réduction de la grandeur du personnage, une banale façon de la renvoyer à son état de femme, qui tout aussi intelligente et puissante qu'elle puisse paraître, a bien du mal à envisager une existence sans une épaule masculine sur laquelle s'appuyer, et en l'absence de laquelle elle pourra contenir de chaudes larmes qui n'attendent qu'à couler. Comme si la femme forte ne pouvait être telle que si associée à un homme tout aussi fort, habile, parfois misogyne, et qui lui sert de caution. Pendant plusieurs décennies comme on peut le constater à la lecture de cette anthologie, Wonder Woman -qui a pourtant les facultés et le pouvoir pour se hisser au-dessus du commun des mortels- envisage son existence comme le prolongement d'une hypothétique histoire d'amour impossible entre un simple mortel et une fille des dieux grecs. Les tous premiers épisodes recèlent un charme totalement suranné, avec une technique narrative aujourd'hui brutalement dépassée, un verbiage ultra présent qui déborde sur toutes les vignettes, une tendance à la redondance et à tout élucider à travers les mots. Les dessins de Harry G Peter non rien d'extraordinaire; plus encore que les femmes ce sont les hommes chez lui qui sont représentés à la hâte, avec des visages qui peuvent devenir franchement disgracieux et des corps distordus que nous classement aujourd'hui à la rubrique caricature (on dirait dans certaines cases du Robert Crumb super-héroïque). Caricaturale est aussi la sidekick de Wonder Woman dans ses premières années, une certaine Etta Candy, petite boulotte qui passe son temps à dévorer des sucreries et à tirer du pétrin son ami amazone, avec qui elle forme un duo hautement improbable. Même transformée en singe, comme dans un des épisodes présentés ici par Urban, elle n'est soulagée de retrouver sa forme normale que pour manger des gâteaux à nouveau. Vous pourriez avoir l'impression que je snobe le golden Age de Wonder Woman, mais détrompez-vous, au delà de cette mauvaise foi évidente que je déverse aujourd'hui, c'est un plaisir de relire ceci avec le sourire en coin, et de plus, Urban a comme toujours fait un travail éditorial remarquable pour tout restituer dans son contexte. Vous en doutiez encore?
L'anthologie est donc passionnante, irritante, drôle, mouvementée, édifiante. Elle ne laisse pas indifférent, et c'est ce qu'on lui demande. Parmi les grandes périodes, les "run" de qualité, vous allez pouvoir lire de la Diana Prince sans pouvoirs, obligée de faire appel à des talents insoupçonnés en matière d'arts martiaux, pour lutter et défendre la liberté et la réputation de son cher et tendre Steve Trevor (encore et toujours, et cette fois aussi cette relation lui tire quelques larmes...). L'occasion de nouvelles tenues, influencée par la période "mod" et le psychédélisme. Nous en avions déjà parlé, sur UniversComics, il y a quelques mois. Plaisir visuel de lire de la Wonder Woman par Ross Andru ou Don Heck, dans un esprit silver age qui reste très naïf, ou sous les crayons de Roy Thomas et Gene Colan, face à une super criminelle qui a débuté sa carrière suite à des problèmes d'acné (!) qui lui ont valu la faveur des dieux grecs. Une peau grasse mène décidément à tout, on comprend mieux pourquoi Fatalis se réfugie derrière un masque. La période faste de George Perez est bien entendue abordée, avec une héroïne plus mythologique que jamais, et des planches d'une beauté inouïe, méticuleuse, qui ont fait l'histoire. Wonder Woman entre peu à peu dans l'ère moderne, s'émancipe vraiment du rôle de potiche qu'on lui taillait autrefois sur mesure, et malheureusement son coté iper-sexualisé va de paire avec cette croissance. Mike Deodato Jr, sous haute influence du courant propre aux années 90, a tendance à exagérer les anatomies, avec des jambes qui n'en finissent plus,, et des corps sculpturaux qui sont plus crédibles en tant que pin-up que super-héros. John Byrne fait souffler un nouveau vent de fraîcheur avec l'arrivée d'une nouvelle mouture de Wonder Girl, en 1996, avant des épisodes plus contemporains, où brille entre autres Greg Rucka (qui est à la base de plusieurs excellents arcs narratifs) ou la doublette Chiang et Azzarello, qui a fait le bonheur des New 52 avant que la série soit massacrée à la tronçonneuse par la famille Finch, qui semble avoir oublier le sens du mot subtilité. Comme toujours avec ce genre d'ouvrage, nous avons à boire et à manger, du petit-déjeuner au repas du soir. Tout prendre d'un coup peut-être indigeste, mais il est peu probable que vous ne trouviez pas de quoi amadouer votre palais, même si vous êtes un fin gourmet. Et puis un rendez-vous avec une amazone, ça ne se refuse pas, non?
A lire aussi : Wonder Woman psychédélique et sans pouvoirs.
L'anthologie est donc passionnante, irritante, drôle, mouvementée, édifiante. Elle ne laisse pas indifférent, et c'est ce qu'on lui demande. Parmi les grandes périodes, les "run" de qualité, vous allez pouvoir lire de la Diana Prince sans pouvoirs, obligée de faire appel à des talents insoupçonnés en matière d'arts martiaux, pour lutter et défendre la liberté et la réputation de son cher et tendre Steve Trevor (encore et toujours, et cette fois aussi cette relation lui tire quelques larmes...). L'occasion de nouvelles tenues, influencée par la période "mod" et le psychédélisme. Nous en avions déjà parlé, sur UniversComics, il y a quelques mois. Plaisir visuel de lire de la Wonder Woman par Ross Andru ou Don Heck, dans un esprit silver age qui reste très naïf, ou sous les crayons de Roy Thomas et Gene Colan, face à une super criminelle qui a débuté sa carrière suite à des problèmes d'acné (!) qui lui ont valu la faveur des dieux grecs. Une peau grasse mène décidément à tout, on comprend mieux pourquoi Fatalis se réfugie derrière un masque. La période faste de George Perez est bien entendue abordée, avec une héroïne plus mythologique que jamais, et des planches d'une beauté inouïe, méticuleuse, qui ont fait l'histoire. Wonder Woman entre peu à peu dans l'ère moderne, s'émancipe vraiment du rôle de potiche qu'on lui taillait autrefois sur mesure, et malheureusement son coté iper-sexualisé va de paire avec cette croissance. Mike Deodato Jr, sous haute influence du courant propre aux années 90, a tendance à exagérer les anatomies, avec des jambes qui n'en finissent plus,, et des corps sculpturaux qui sont plus crédibles en tant que pin-up que super-héros. John Byrne fait souffler un nouveau vent de fraîcheur avec l'arrivée d'une nouvelle mouture de Wonder Girl, en 1996, avant des épisodes plus contemporains, où brille entre autres Greg Rucka (qui est à la base de plusieurs excellents arcs narratifs) ou la doublette Chiang et Azzarello, qui a fait le bonheur des New 52 avant que la série soit massacrée à la tronçonneuse par la famille Finch, qui semble avoir oublier le sens du mot subtilité. Comme toujours avec ce genre d'ouvrage, nous avons à boire et à manger, du petit-déjeuner au repas du soir. Tout prendre d'un coup peut-être indigeste, mais il est peu probable que vous ne trouviez pas de quoi amadouer votre palais, même si vous êtes un fin gourmet. Et puis un rendez-vous avec une amazone, ça ne se refuse pas, non?
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