L'Aiguille creuse, d'après Maurice Leblanc

L'Aiguille creuse Audible

Au château d'Ambrumésy, Raymonde de Saint-Véran, la nièce du comte de Gesvres, surprend un rôdeur en pleine nuit. Elle lui tire dessus et le blesse. Pourtant, on ne retrouve aucune trace du corps, et rien ne semble avoir été volé au château. La police se trouve dans la plus grande perplexité, lorsque se présente le jeune Isidore Beautrelet, brillant élève de rhétorique, féru d'énigmes et de faits divers. Il clame haut et fort détenir toute la vérité sur cette étrange affaire et réserve la primeur de ses révélations aux journaux, mais peu de temps avant de mettre ses plans à exécution, le garçon se trouve nez-à-nez avec le dénommé Arsène Lupin, fort intrigué par cet adversaire malin et coriace. 

Voilà un livre qui colle parfaitement avec son époque - début du XXe siècle - et qui nous régale avec les noms des personnages, leur fonction, leur caractère, sans oublier l'enquête qui rebondit de péripétie en mystère. Isidore Beautrelet est forcément présomptueux à vouloir tenir tête au gentleman cambrioleur et se montre souvent imbuvable à pérorer de la sorte. Il y a donc de l'insolence, du rythme, de la belle-époque, des déguisements, des cavalcades, des enlèvements, des devinettes, un parchemin codé, de l'amour et du drame. Tous les ingrédients essentiels pour un bon feuilleton. Il m'a néanmoins semblé que l'histoire s'essoufflait à mi-parcours avant de retrouver tout son panache pour se conclure de manière flamboyante et très théâtrale. Le duel avec Herlock Sholmès, clin d'œil à Conan Doyle, est d'ailleurs l'un des passages les plus passionnants du roman ! 

Je découvre enfin Arsène Lupin, ce héros légendaire, directement à la source, celle de la plume de Maurice Leblanc, et non plus par le truchement du cinéma ou de la télévision. Mes sentiments sont cependant multiples, à l'égal des facettes du personnage, qui ne le rendent pas forcément aimable ou sympathique, tout du moins charismatique. Lupin est arrogant, cynique, flambeur et impénitent... mais aussi romantique, passionné et loyal. C'est un personnage trouble et troublant, mais une figure forte et incontournable dans le paysage littéraire.

La réalisation sonore et l'interprétation de Philippe Colin, toutes deux particulièrement enlevées, peuvent aussi influencer la lecture, si l'on apprécie le rythme feuilletonesque, particulièrement virevoltant, et le charme vintage de l'intrigue. J'ai ainsi passé un moment agréable, à renouveler le cas échéant, en attendant ma prochaine escapade à Étretat.

Lu par Philippe Colin (durée : 7h 35) pour La Compagnie du Savoir, avril 2009

>> Disponible en téléchargement sur Audible.

L'Aiguille creuse

Le Livre de Poche, 224 pages ♦ Date de parution : Mars 1973