Temps glaciaires de Fred Vargas

Par Folfaerie

Surtout, tournez sept fois votre pensée dans votre tête avant d’ouvrir ce livre. Parce qu’entre les flottements d’Adamsberg et les complications de cette pelote inextricable, vous risquez de vous enfoncer comme une vis. D’autant que l’afturganga ne convoque jamais en vain. Si vous ne savez pas ce qu’est un afturganga, consultez donc votre Tölva, c’est simple.

« Je reviens ». Ces deux mots mille fois dits, comme si Adamsberg réassurait sans cesse son entourage, redoutant lui même de ne jamais revenir. On prend un chemin de forêt, on regarde les arbres, et puis qui sait ?

4 ans que j’attendais son retour, quand même…

L’univers de mon commissaire préféré s’écoule au même rythme que la Seine, plutôt paisiblement malgré les écueils, malgré la boue et la saleté. Et parfois, de drôles de personnages surgissent dans sa vie, laissant des traces vivaces. Victor, Amédée et Marc sont des êtres singuliers, dont Adamsberg doit s’accommoder, tout comme il doit s’arranger avec les diverses personnalités de son équipe, Lucio et ses chats, son fils Zerk, des fans de Robespierre, et des Islandais superstitieux.

Et dans tout ce méli-mélo improbable, au léger parfum de merveilleux (vous êtes dans quel camp au fait ? Les positivistes ou les croyants ?), on se surprend à méditer sur la puissance des mots (et l’érudition de Fred Vargas qui doit certainement piocher dans la tête de Danglard…).

Cela fait un bien fou de retrouver de vieux amis (j’ai tout de même un très léger regret : certains semblent immuables, surtout Retancourt et Veyrenc, qui auraient mérité un peu plus d’attention), de retrouver la prose poétique et délirante de l’auteur, son sens du dialogue, ses bestioles indispensables (Marc le sanglier a les honneurs de la couverture), les brumes impénétrables et une érudition remarquable.

Faudra-t-il encore attendre 4 ans pour une suite ?

– On vous demande, insista Justin, d’aller retrouver là-bas, si la ruelle ou le parking ne sont pas un coupe-gorge, un inconnu qui parle comme un livre dont on ne sait pas s’il dit la vérité, ni s’il est vraiment président de cette association. Tout cela fait très conspirateur, cela sent son intrigue à l’ancienne.

– Je ne serai pas seul Justin, Veyrenc et Danglard viennent avec moi, ils m’aideront à faire le liant, l’enveloppement historique de la conversation.

– Le fond de sauce en quelque sorte, dit Voisenet.

– L’histoire n’est pas un fond de sauce, protesta Danglard.

– Pardon Commandant.

– Et en protection, continua Adamsberg, car on ne sait jamais en effet, cinq agents avec moi sur les arrières. C’est-à-dire vous seule, Retancourt. Attendez-nous dans le parking et suivez-nous. C’est le point dangereux du parcours.